L’exploitation forestière

La forêt a subi au cours du Moyen Age des campagnes de défrichement et d’essartage, nécessaires à la mise en culture des terres et à la vie quotidienne (bois de construction, bois de chauffage, charbons de bois…).

A l’époque moderne, elle est également exploitée pour les qualités de ses bois utilisés pour la mâture de la Marine Royale. A cette époque, le charbonnage s’est considérablement développé, afin d’alimenter en combustibles les forges, les hauts-fourneaux, les tuileries… installés sur le territoire. Cette activité a entraîné au 18ème s. une surexploitation de la forêt, qui était alors réglementée par l’Administration Royale ; elle s’est maintenue jusqu’au début du 20ème s., pratiquée par des italiens provenant de la région de Bergame, qui se sont parfois établis en Chartreuse.

Outre le sciage, la charpenterie et la menuiserie, la transformation du bois en Chartreuse a généré au début de l’époque contemporaine, voire antérieurement, diverses activités traditionnelles, aujourd’hui disparues, notamment la gainerie (fabrication d’écrins), la tournerie (fabrication d’étuis pour l’élixir de Chartreuse, poudriers, flacons à parfum…), la fabrication de galoches ou de bennes utilisées par les vignerons… Seule la fabrication de cannes se maintient de nos jours à Entre-Deux-Guiers.

Au 19ème s./début du 20ème s., on a fait appel à une main d’oeuvre spécialisée, constituée de bûcherons italiens, pour abattre les arbres et charbonner. Bon nombre d’entre eux venaient de la région de Bergame le temps des travaux, puis repartaient ; certains se sont définitivement installés sur le massif, notamment sur Saint-Laurent-du-Pont. Durant les travaux, les hommes étaient logés dans la forêt dans des cabanes. Les arbres abattus étaient sortis du site d’exploitation par traction animale, par glissage ou lançage dans des couloirs naturels (drayes), ou encore par câbles, selon l’accessibilité du site.

La forêt couvre aujourd’hui plus de 60 % du territoire de la Chartreuse, exploitée par l’Office National des Forêts (forêts domaniales et communales) et des propriétaires forestiers privés. Plusieurs scieries artisanales transforment encore un important volume de bois provenant principalement des forêts du massif.