L’installation de communautés religieuses

Au 11ème s.-12ème s., un mouvement de réforme monastique est lancé dans le Royaume de France, favorable au courant érémitique. Le massif de Chartreuse accueille alors plusieurs ermitages, qui vont rapidement être reconnus et rayonner en France, voire au-delà. Leur activité, principalement agropastorale à leurs débuts, a façonné et modelé le paysage.

En 1084, Bruno de Cologne, en quête d’une vie de solitude, d’austérité et de prière, se fixe, sur les conseils de l’évêque de Grenoble, au coeur du massif, à Saint-Pierre-de-Chartreuse, dans une zone vierge et isolée. Avec ses six compagnons, il y fonde « un désert ». Les règles de vie des chartreux, ou « Coutumes de Chartreuse », sont consignées en 1127 par le prieur de la Grande-Chartreuse de l’époque ; elles sont adoptées dès la première moitié du 12ème s. par de nombreuses communautés. L’ordre des chartreux se développe au 14ème s./15ème s. pour atteindre son apogée au 16ème s. : 196 chartreuses masculines et 6 chartreuses féminines sont alors disséminés en Europe. Aujourd’hui, l’ordre comporte 25 maisons réparties sur trois continents.

Quelques années plus tard, en 1101, et à quelques heures de marche du « désert de Chartreuse », l’évêque de Grenoble fonde l’ermitage de Chalais à Voreppe, élevé au rang d’abbaye en 1124. La renommée et la prospérité de l’abbaye génèrent la fondation de filiales dans le Dauphiné et la Provence, adoptant l’ordre de Chalais. Réinterprétant la règle bénédictine et proche de l’idéal cistercien, l’ordre décline à partir de la fin du 13ème s. En 1303, l’abbaye de Chalais est rattachée à la Grande-Chartreuse, entraînant la dislocation de la congrégation et l’union des abbayes-filles à d’autres ordres religieux. Actuellement, la présence d’une communauté de moniales dominicaines renoue avec la vocation spirituelle du site, interrompue de la fin du 19ème s. aux années 1960.

La vallée du Grésivaudan a également accueilli des religieuses. En 1141, Marguerite de Bourgogne, épouse du dauphin Guigues IV, fonde l’abbaye cistercienne des Ayes à Crolles. A ses débuts, cette abbaye de moniales est prospère, mais, à partir du 14ème s., elle ne cesse de rencontrer des difficultés ; elle fermera ses portes avec la Révolution, les bâtiments seront en partie détruits.