L’écroulement du Granier

En 1248, le mont Granier, qui domine la cluse de Chambéry et culmine à 1933 m d’altitude, s’est écroulé. Un glissement des marnes de la base du mont, consécutif à la chute d’une partie de la falaise calcaire, est à l’origine de cette catastrophe. Des coulées de boue ont transporté des blocs calcaires de plusieurs centaines de m3 sur des distances supérieures à 8 km, jusqu’à la cluse de Chambéry et la plaine de l’Isère.

Cette catastrophe, relatée par des chroniqueurs européens du 13ème s., a connu un grand retentissement par delà les frontières. Selon le dominicain Etienne de Bourbon, « La nuit même, avant qu’il fût minuit (…), une montagne qui n’avait pas moins d’une lieue de long et de large, se déplaça et tomba (…) ensevelissant et écrasant environ seize villages et un grand nombre de paroisses avec leurs habitants (…) ». D’après ces anciens écrits, 4000 à 6000 personnes auraient trouvé la mort, ensevelies… Aujourd’hui, on admet la disparition d’un millier de victimes et de cinq paroisses.

L’écroulement du Mont-Granier, visible sur sa face nord, a fortement marqué le paysage. Le secteur des Abymes, et au-delà, est parsemé de petites buttes, dites « mollars », formées par la coulée boueuse et les blocs calcaires entraînés, et de dépressions, issues du glissement, aujourd’hui comblées (Lac de Bey, Lac Froment…) ou encore en eau (Lac de Saint-André, Lac Clair, Lac des Pères). Dès le Moyen Age, les Abymes ont été plantés de vignes, culture aujourd’hui maintenue et reconnue.