Patrimoine rural

CELLIERS – GRÉSIVAUDAN

Installé dans les vignes qui occupent les terrains de piémont du Granier, le cellier, de taille modeste, comprend généralement deux niveaux : un niveau inférieur abritant une cave, et parfois un espace pour un cheval, et un niveau supérieur comprenant  la pièce du pressoir et un logis sommaire, temporaire. En effet, de nombreux propriétaires de vignes n’étaient pas des habitants du lieu et venaient des Bauges   ou des Entremonts. Ainsi, le cellier permettait à la fois de traiter le raisin après les

vendanges, de faire la vinification et d’avoir un logement pour la durée du travail de la vigne.

Le cellier peut également être situé dans le village, intégré à l’habitat, comme en témoignent les maisons vigneronnes conservées.

GRANGE AIGUENOIRE – ENTRE-DEUX-GUIERS

Le Mas d’Aiguenoire, ancienne obédience des chartreux, était une dépendance agricole, administrée par un religieux. Elle   faisait partie d’un domaine important comprenant également des étangs.

Ses caractéristiques architecturales et ses proportions en font un élément singulier dans le paysage de Chartreuse. En effet, le volume dégagé sous toiture, abritant le fenil, est particulièrement important (surface de toiture 1500 m2). Un pignon à redans, précédé de deux avant-corps, marque l’accès au niveau supérieur de la grange (rampe d’accès). Le niveau inférieur était destiné aux étables et au stockage du matériel agricole.

En 2014, les liqueurs Chartreuse décident de déménager une partie des activités sur le site d’Aiguenoire à Entre-deux-Guiers, afin de rester conforme à la règlementation.

Le choix d’Aiguenoire, situé au cœur du massif de la Chartreuse, constitue un véritable retour aux sources pour les moines chartreux puisqu’il a été leur obédience de 1618 à 1791, leur permettant de développer des activités piscicoles et agricoles. De surcroît, il comporte l’unique grange étable des chartreux, encore en état, qui deviendra d’ailleurs l’annexe de leur future distillerie.

FOURS À PAIN

Le four à pain est un élément essentiel de la vie rurale traditionnelle. Autrefois utilisé une à deux fois par mois pour cuire le pain, les gratins, …, le four est aujourd’hui délaissé, parfois remis en service une fois l’an, lors de fêtes villageoises. Selon les secteurs du territoire de Chartreuse, le four peut être privé, installé dans un abri indépendant, accolé ou intégré au logis, ou il peut être à usage collectif, placé dans le hameau. L’abri du four, maçonné en moellons calcaires hourdés au mortier de chaux, est couvert d’un toit à deux pans. L’autel du four, ainsi que la brasière, est généralement en molasse taillée. La voûte peut être en molasse (moellons), en terre réfractaire ou en brique. Il est parfois doté d’un cendrier, qui permettait de recueillir les cendres utilisées pour laver le linge (lessif). Une avant-voûte,

montée en moellons et remplacée tardivement par une hotte, permet de dévier les retours de flamme.

GRENIERS – LES ENTREMONTS

La présence de cet élément est une spécificité des Entremonts. Le grenier révèle certains usages, une façon d’organiser la    vie domestique dans cette zone montagneuse. Composant essentiel de la maison rurale, il occupe une place particulière dans l’architecture vernaculaire du cœur de Chartreuse.

Le grain y était conservé, à l’abri des rongeurs (le bois choisi est d’une importante dureté et densité, assurant la protection du grenier). Cet édifice de taille et de surface réduites, en madriers d’épicéa horizontaux assemblés à mi-bois, est le plus souvent superposé à un soubassement maçonné abritant une cave ou une remise. Il comporte une porte basse à découpe cintrée. La fin des cultures de céréales à partir des années 1950 marque l’abandon progressif de l’usage originel du grenier.

HABERTS

Ces ensembles, fréquentés lors de la période d’estive, se composent généralement de plusieurs bâtiments : une imposante grange-étable  et un second bâtiment de   taille inférieure abritant un logis, voire une fromagerie. De nombreux haberts étaient implantés dans les alpages des Petites Roches, de Saint-Pierre-de-Chartreuse,       mais aussi à Saint-Christophe-sur-Guiers, dans les prairies de Saint-Laurent-du-    Pont, sur les hauteurs du Sappey-en-Chartreuse ou de Sarcenas. Témoins de l’activité pastorale des chartreux puis des habitants du massif (élevage, fabrication de fromages), certains sont attestés dès le 15ème s., et aux 17ème s. /18ème s. sur d’anciennes cartes représentant le domaine des chartreux. Quelques-uns de ces haberts sont préservés, comme ceux du Billon, du Charmant Som, de Malamille, ou encore la halle de l’Emeindra.

FERME DE L’ECHAILLON – SAINT-LAURENT-DU-PONT

L’unité domestique traditionnelle de Chartreuse revêt diverses typologies selon le paysage et les modes de vies auxquels elle appartient : le type unitaire en zone de plaine ou peu escarpée, le type dissocié en zone montagneuse accidentée, le type vigneron en zone de coteau ou de piémont.

La ferme de l’Echaillon, à Saint-Laurent-du-Pont, est un bel exemple de maison traditionnelle de type unitaire, en longueur. Implantée en écart, dans une clairière, sur une pente, elle se compose d’un logis modeste (deux pièces, une cheminée avec foyer au sol), d’une grange-étable accolée et d’un fenil (comble). Les ouvertures, majoritairement percées dans le mur ouest, sont de petites proportions. Cet ensemble rural de la fin du 17ème s., agrandi au début du 19ème s., est remarquable par son  état de conservation et par sa charpente. Il est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 2003.