Natura 2000 Hauts de Chartreuse Dominique Clouzeau Présidente

Dominique Clouzeau, maire du Plateau des Petites Roches et élue au Parc et Vice-Présidente à la Biodiversité, a été élue à l’unanimité Présidente du Comité de pilotage Natura 2000 Hauts de Chartreuse après avoir présenté sa position sur ces sujets. Elle succède à Gérard Arbor, ancien maire et élu en tant que VP Biodiversité au Parc, qui avait été élu à la Présidence du dernier COPIL organisé en 2017.

Le Parc naturel régional de Chartreuse est gestionnaire de 3 sites Natura 2000 : les sites de l’Herrétang, Hauts de Chartreuse et du Charmant Som.

L’objectif et fonctionnement général de N2000 est de viser à préserver des espèces et habitats d’intérêt communautaire tout en prenant en compte les activités socio-économiques et particularités territoriales. L’intérêt de conservation se situe à l’échelle Européene et pas nécessairement locale.  Le fonctionnement est contractuel, en opposition au réglementaire de la Réserve naturelle. Il s’appuie sur la proposition de contrats et chartes signés par des propriétaires volontaires qui rémunèrent des pratiques plus soucieuses de l’environnement (ex: îlots de sénescence).

Le Comité de Pilotage est un organe de concertation et d’échange avec les usagers du site Natura 2000 et les acteurs locaux divers (communes, département, région, représentants de l’état, OFB, associations naturalistes comme Gentiana, LPO, FNE…, propriétaires, acteurs forestiers: ONF, CRPF, associations sportives, acteurs pastoraux: représentant des alpagistes, FAI…). Il vise entre autre à valider le Document d’objectif et à le mettre en oeuvre. 

Il y a un COPIL par site. La réunion du COPIL est une étape indispensable au fonctionnement de Natura 2000 en France, cela permet de se retrouver et d’échanger sur différents enjeux, d’intégrer les acteurs locaux à la gestion du site Natura 2000. 

Les syrphes indicateurs de biodiversité

Les syrphidés sont de bons bio indicateurs. Les connaissances acquises et les dynamiques de recherches actuelles sur cette famille, en font un modèle inégalé à ce jour.

LES SYRPHES, DE « PETITES MOUCHES » INOFFENSIVES

Habitué des jardins fleuris, et souvent pris pour une petite guêpe, le syrphe n’est qu’une petite « mouche » qui vient souvent perturber vos siestes en montagne. Mais il peut faire beaucoup pour la biodiversité. Pollinisateur et grand prédateur des pucerons, il a tout d’un grand auxiliaire !

UNE ÉTUDE SUR LES SYRPHES

Dans le cadre du plan de gestion de la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de Chartreuse, une seconde étude sur les diptères syrphidés a été réalisée en 2019 et 2020 sur les deux secteurs étudiés en 2008. L’objectif était de mesurer l’évolution de l’état écologique de ces habitats d’altitude (pelouses subalpines et pinèdes principalement) depuis 2008, via la méthodologie Syrph the Net /StN (https://www.reserves-naturelles.org/publications/cahier-ndeg8-guide-technique-de-mise-en-oeuvre-d-une-etude-syrph-the-net-retours-d). L’échantillonnage des syrphes a été réalisé à l’aide de tentes Malaise (Malaise, 1937). Standardisée, cette méthode de piégeage est passive (donc non attractive), non sélective (Fiers, 2004) et particulièrement efficace dans l’interception des insectes volants comme les adultes des diptères syrphidés. L’analyse StN est surtout basée sur la connaissance de l’écologie larvaire des syrphes.

En 2008, deux sites avaient été prospectés : le Granier avec 6 tentes et la Dent de Crolles avec 6 tentes, relevés sur 1 an. En 2019/2020, les deux mêmes sites ont été prospectés avec 2 tentes par site mais une analyse renouvelée sur deux ans pour limiter les biais météo éventuels.

RÉSULTATS D’ANALYSE ÉTUDE SYRPHE 2019/2020

UNE QUANTITÉ DE MATIÈRE VIVANTE GLOBALE, DE DIVERSITÉ D’ESPÈCE ET D’ABONDANCE DE CES DERNIERES EN FORTE DIMINUTION SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Sur les deux secteurs étudiés entre 2008 et 2020, une diminution des bio-indicateurs de la famille des syrphes (Diptera) est observée (-16 % de l’abondance totale ; -7 % de la richesse spécifique). Le constat est similaire concernant la biomasse (Masse de matière vivante subsistant en équilibre sur une surface donnée du globe terrestre) estimée, chutant en moyenne de -62 % (passe de 7,6 ± 1,3 à 2,9 ± 1,2 gr/jour) durant la décennie, soit une perte annuelle de la biomasse en invertébrés de -6,2 %. Concernant la syrphidofaune, les diminutions sont surtout observées dans les cortèges subalpins (entre 1 700-1 900 m et 2 300-2 500 m d’altitude), notamment dans le secteur du Mont Granier. L’analyse des assemblages d’espèces, avec la base de données Syrph the Net, permet de quantifier cette dégradation fonctionnelle de -8 % à la Dent de Crolles et de -27% au Mont Granier.

UNE BAISSE DE LA DIVERSITÉ DES ESPÈCES FLORISTIQUES TYPIQUES DES MILIEUX DE PELOUSES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS

Les pelouses et landes subalpines au Mont Granier deviennent en 2020 en mauvais état de conservation (Intégrité écologique (IE) = 36 %), enregistrant une baisse de -21% cette intégrité écologique depuis 2008. Les espèces manquantes signent, par leur absence, une baisse de la typicité floristique durant cette décennie.

A la Dent de Crolles, il semble, pour l’instant, que ces habitats ouverts soient en bon état (IE=65 % ±1 % entre 2008-2020). Les influences climatiques, combinées aux conditions stationnelles -certainement plus favorable, permettent peut-être une faculté de résistance plus forte qu’au Mont Granier. Si le substratum géologique (calcaire de l’Urgonien) et le pendage (20°) sont identiques, l’exposition diffère : exposée Sud-Est pour la Dent de Crolles et Nord-Ouest pour le Mont Granier. Ce dernier secteur est plus typé haute montagne que la Dent de Crolles (RNHC, 2018).

UN MANQUE DE BOIS VIEILLISSANT ET UNE DIMINUTION DU RENOUVELLEMENT FORESTIERS DE CERTAINES ESPÈCES D’ARBRES.

Dans les zones forestières, et malgré de bons à assez-bons résultats en 2019-2020 (IE Mont_Granier=59 % ; IE Dent_de_Crolles=72 %), les habitats de Pin sylvestre et Pin à crochets enregistrent une baisse de fonctionnalité. Ce constat est fortement marqué au Mont Granier (IE2008-2020=-32%) où le diagnostic pointe notamment un manque de bois vieillissant, mais surtout une faible apparition de nouveaux individus des espèces de type Pins et essences d’accompagnements. En l’absence de pastoralisme depuis plus de 60-70 ans, ce résultat est surprenant et semblerait être imputé aux modifications climatiques.

A la Dent de Crolles (IE 2008-2020= -8%), un maintien voire une augmentation de la fonctionnalité forestière était attendue, suite à l’absence de pâturage depuis 2007 (présence de nombreuses zones ouvertes en cours de recolonisation). Il est certes possible que la vitesse de recolonisation forestière soit extrêmement lente à cette altitude mais cela n’explique pas la diminution de la fonctionnalité.

Serait-ce également un des effets des modifications climatiques ? Encouragée par le réchauffement climatique, l’épicéa, est un concurrent tout désigné du pin à crochet, en plus d’être à même de recoloniser les secteurs anciennement pâturés. Pourtant, dans les conditions climatiques récentes et similaires, le pin ne semble guère souffrir de concurrence avec l’épicéa, dans la haute Chaine du Jura par exemple (Béguin in Prunier & Boissezon, 2017). Il sera donc intéressant d’observer si le passage, à un moment donné, d’un seuil en matière de conditions climatiques (durée d’enneigement plus courte, température moyenne plus élevée en période de végétation, sécheresses estivales accrues), favorise l’épicéa.

UNE REMONTÉE EN ALTITUDE INATTENDUE DE CERTAINES ESPÈCES DE SYRPHES.

Une proportion importante des espèces inattendues (44 % des espèces observées en moyenne) est mesurée en 2019-2020. Cette composante de la faune collectée était déjà importante en 2008 (40 %). Celle-ci provient des habitats attenants, non ciblés par l’échantillonnage (Hêtraie, Pelouses montagnardes…), et a -pour la plupart des espèces- des affinités écologiques montagnardes (entre ~500 m et ~1500 m d’altitude) voire collinéennes (entre 500 et 800 m). Leur proportion reste stable au Mont Granier et augmente cependant de 10% à la Dent de Crolles entre 2008 et 2020. Pour ces espèces, pour l’instant « inattendues », il est probable que les changements d’habitat ne se produisent pas assez rapidement et qu’elles ne puissent trouver refuge à de telles altitudes à moyen terme (Prunier & Boissezon, 2017).

LE GRANIER PLUS TOUCHÉ QUE LA DENT DE CROLLES SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Il semblerait ne pas avoir de raison évidente pour que le site où le pâturage s’est arrêté il y a 60 ans, le Mont Granier, soit le plus gravement touché par des facteurs défavorables que la Dent de Crolles, où le pâturage ne s’est arrêté que récemment. Des données sur les précipitations pour chacune des stations étudiées seraient nécessaires pour étudier leurs différences et connaitre leur évolution au cours des dix dernières années. Si, pour une raison quelconque, le Mont Granier a été plus chaud et plus sec que la Dent de Crolles, le lien au changement du climat peut être évoqué de manière raisonnable, expliquant le déclin de la faune du Granier et prédisant également que la faune de Dent de Crolles présentera le même déclin prochainement.

Les données des suivis floristiques seraient intéressantes à étudier pour rechercher des éléments de compréhension de ce type. Précisons également que le pâturage naturel des ongulés sauvages est pris en compte dans la codification des pelouses subalpines (StN -23132, Speight & Castella, 2020). Ce dernier a un impact restreint, surtout en l’absence de compétition avec les espèces domestiques (Ducommun, 1992). Il n’est pas exclu que les ongulés aient un impact à l’avenir surtout, dans un contexte d’augmentation des populations et de modification climatique (Fischer et al. in Prunier & Boissezon, 2017).

Ces résultats, inquiétants, sont certainement induits par les perturbations climatiques que ces habitats subissent de plein fouet depuis un demi-siècle (GIEC, 2018). Ces zones ouvertes et semi-ouvertes subalpines de Chartreuse, comme le Mont Granier et la Dent de Crolles, sont des savanes karstiques froides et sèches, très fortement sensibles aux perturbations des précipitations, en quantité et en fréquence. Leur maintien semble menacé de disparition à moyen terme au profit des habitats montagnards. La vitesse des changements est inquiétante, à l’image de la mobilité « fuyante » des espèces dites inattendues, en dispersion dans des habitats subalpins qui n’auront certainement pas le temps de s’adapter et de les héberger.

Unir ses forces pour valoriser les variétés locales !

Vendredi 20 mai au lycée horticole de St Ismier, le Parc de Chartreuse, le lycée horticole de Saint-Ismier et l’exploitation du lycée ont unis leurs forces et leur savoir-faire pour produire et valoriser les variétés anciennes et/ou locales de fruits et légumes en Chartreuse.

Une opération innovante pour réinvestir dans une économie alimentaire locale pour le futur

Le Parc naturel régional de Chartreuse a lancé en 2016 une opération scientifique participative et innovante autour des variétés de fruits et légumes anciens et/ou locaux en partenariat avec le Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA) et l’association Jardins de Mémoires Montagnes (JDMM). Cette initiative constitue un programme unique en France à l’échelle d’un tel territoire. Il s’agit de se réapproprier un patrimoine oublié et le réinvestir dans une économie alimentaire locale pour le futur.

Les résultats issus des recherches bibliographiques conduites en début de projet sont exceptionnellement riches. Parmi les variétés d’origine locale et régionale, plus de 70 variétés ont déjà été retrouvées. Le Parc souhaite favoriser de nouveau leur expérimentation sur le territoire afin de permettre aux agriculteurs, mais aussi aux particuliers et aux consommateurs, la réappropriation de ce patrimoine biologique et culturel !

Valoriser et produire des variétés locales avec les centres de formation agricoles

Parmi les pistes de valorisation envisagées, suite à ce travail de recensement et d’enquêtes, il a été décidé de développer des synergies avec les Centres de formation agricole. Des rencontres ont ainsi eu lieu avec les établissements situés à proximité du Parc : le Lycée Costa de Beauregard – Fondation du Bocage à Chambéry et le Lycée horticole de Saint-Ismier.

Les spécialités proposées par le Lycée horticole et le CFPPA de Saint-Ismier, ainsi que les activités développées par l’exploitation du lycée ont permis de conduire des actions en commun autour de la production et la valorisation des variétés anciennes et/ou locales (accueil de sessions de formation, site de multiplication de certaines semences, …).

Une Convention de partenariat entre le Parc, le lycée et l’exploitation du lycée renforce et formalise ce travail partenarial. Dans ce cadre se poursuivront l’organisation de sessions de formation « Faites vos graines » à destination du grand public, la production de semences des variétés anciennes et/ou locales, avec l’objectif que les professionnels prennent ensuite le relais, ainsi que la création de vergers et la mise en culture d’arbres fruitiers.

Retrouvez des variétés locales sous l’appellation « Semences d’ici » à la Jardinerie du Lycée (lien https://lycee-horticole-grenoble-st-ismier.educagri.fr/jardinerie-vente-directe)
et page FB : https://www.facebook.com/exploitsti

La convention a été signée le vendredi 20 mai au lycée horticole de St Ismier en présence du vice-président du Parc, Stéphane Gusméroli, Martine Labaune, Directrice de l’EPLEFPA de Saint-Ismier et de Philippe Verignon, Directeur de l’exploitation de l’EPLEFPA de Saint-Ismier.

Une dynamique autour des fruits en Chartreuse

Le Parc naturel régional de Chartreuse a lancé en 2016 une opération scientifique participative et innovante autour des variétés de fruits et légumes de Chartreuse. Suite à l’inventaire qui a recensé 399 espèces et 1 400 variétés, le Parc a mis en place des actions de revalorisation et soutient les initiatives citoyennes sur le sujet.

Tour d’horizon des nouvelles concernant les fruits de Chartreuse :

Côté fruits

Thomas et les bénévoles de l’association La Mijote sont en plein ramassage de pommes laissées à terre pour produire du jus !

→ Vous êtes propriétaire d’arbres et aimeriez que vos fruits soient revalorisés ?

→ Vous voulez venir ramasser des pommes et en faire du jus ?

Contactez Thomas (06 25 64 60 93)

Le périmètre d’action s’étend de Saint-Joseph-de-Rivière à Domessin et la récolte se fait de fin août à début décembre.

Recherche Vergers association la Mijote

Côté arbres

Une pépiniériste implantée sur le territoire a lancé son catalogue d’arbres fruitiers ou champêtres :

Annelore Waty – Pépinière de l’Arbre Perché (Saint-Pierre-de-Genebroz)
https://ferme-arbre-perche.fr/

Vous pouvez retrouver chez cette pépiniériste des arbres fruitiers de Chartreuse et d’autres variétés adaptées au climat de montagne. Pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers… pour retrouver tout ce qu’elle propose, venez découvrir son catalogue.

Annelore organise également une journée portes ouvertes sur le site de sa pépinière le samedi 6 novembre.

Au programme : visite de la pépinière, échanges et formation.

Le programme complet :

Le lycée horticole de Saint-Ismier a également greffé des variétés de Chartreuse d’arbres fruitiers, mais il faut encore un peu de patience avant d’avoir leur catalogue complet, en attendant vous pouvez aller voir leur catalogue de jardinerie où on retrouve également des plants de variétés locales !

Les renouées asiatiques

Aujourd’hui bien connues car présentes sur les bords de route, en bord de cours d’eau, sur les friches, sur tout espace nu et/ou délaissé , les renouées asiatiques auraient été introduites pour la première fois en Europe au Moyen-âge pour leur qualité fourragère. Elles ont ensuite été de nouveau introduite par les horticulteurs au XIXe siècle où elles se sont même vu décerner une médaille d’or pour leurs qualités esthétiques et odorantes. Zoom sur ces plantes que l’on qualifie de plantes invasives ou d’espèces exotiques envahissantes !

Les renouées asiatiques, des plantes invasives

Il existe en réalité 3 renouées asiatiques dont les caractéristiques diffèrent légèrement.

Les renouées fleurissent en panicules blancs ou rosés. Les graines qu’elles produisent ne sont que rarement fertiles mais elles se multiplient principalement grâce à leur rhizome (multiplication végétative ). Il s’agit de tiges souterraines qui peuvent perforer l’asphalte des routes et aller jusqu’à 6 m de profondeur dans le sol …

Un morceau de rhizome et, dans une moindre mesure, un morceau de tige de renouée peuvent conduire à la formation d’une nouvelle plante, ce qui favorise l’installation et la dispersion de cette plante. De plus, la vitesse de croissance (jusqu’à 8 cm par jour) fait qu’elles colonisent rapidement les surfaces où elles s’implantent.

Outre les facteurs naturels comme les crues des cours d’eau qui permettent aux rhizomes ou fragments de tiges de voyager et de s’implanter ailleurs, les activités humaines sont le premier facteur de propagation des renouées asiatiques. Parmi elles, on peut citer les activités agricoles, les activités du BTP, les activités forestières, l’entretien des routes qui favorisent le transport des fragments de renouées dans les roues des engins. Les actions de déblais/remblais ou les actions d’entretien des bords de route ou des milieux naturels non adaptés peuvent créer de nouveaux foyers d’implantation de la renouée (bords de rivière, zones humides, fauche irrégulière, utilisation d’épareuse ou gyrobroyeur…),  .

Les impacts sur la biodiversité et les milieux

En plus de leur croissance rapide favorisant leur installation, les renouées asiatiques produisent des composés chimiques qui modifient la composition du sol et limitent ainsi la régénération de la végétation locale voire la font disparaître sur les secteurs très envahis.

Les invertébrés, amphibiens, reptiles et autres oiseaux dépendent des cortèges floristiques autochtones (zone de refuge, ressources alimentaires…) et sont donc également impactés par les renouées asiatiques. De manière globale, la présence de renouée du Japon entrainent une érosion de la biodiversité locale.

Actions de lutte

Diverses actions sont mises en place et expérimentées par les gestionnaires de milieux naturels pour la gestion des massifs de renouées asiatiques et des déchets  végétaux générés par leur entretien.

Actuellement sans solution efficace d’éradication des massifs de renouées asiatiques, les acteurs du territoire s’attèlent à limiter l’expansion de certains massifs, notamment dans les milieux accueillant du public (ex : Bike Park de la Diat à Saint-Pierre-de-Chartreuse) ou dans les espaces naturels à forts enjeux écologiques (ex : Site ENS de la tourbière de l’Herretang). Contenir l’expansion des massifs de renouées se fait par exemple en effectuant une fauche répétée 5 à 7 fois par an, ou en mettant en place un pâturage des zones contaminées par des espèces rustiques (ex : chèvres des fossés)… En dehors de ces espaces, les massifs importants ne font généralement plus l’objet d’entretien car trop couteux.

Certains gestionnaires tels que les syndicats de rivières s’occupent des nouveaux foyers car les jeunes pousses d’un an ou moins peuvent être entièrement déterrées et être donc éliminées.

Les expérimentations continuent sur les territoires pour trouver des solutions d’éradication efficaces, comme par exemple la remise en eau des zones humides

Quelle que soit l’action mise en œuvre, une attention particulière doit également être portée à la gestion des déchets de coupe des renouées. D’une part, il faut limiter le déplacement de ces déchets ou les transporter dans des sacs hermétiques afin d’éviter de disséminer et contaminer des endroits sains à partir de fragments. Il faut également savoir que les déchets de renouées ne se mettent pas aux déchets verts/compost. Il convient donc de vérifier avec les déchetteries si elles ont un centre agréé pour les recevoir ou si elles les acceptent à l’incinération avec les déchets ménagers.

Que faire si je vois des massifs de renouées asiatiques ?

  • Sur l’espace public, prévenez votre commune et le Parc de Chartreuse (avec une localisation précise, description de la taille du massif et photo)
  • Chez vous : vous pouvez prévenir le Parc de Chartreuse (avec une localisation précise, description de la taille du massif et photo) car cela contribue à l’amélioration des connaissances et intègre les potentiels plans d’actions de lutte.

Ensuite, selon l’ampleur du massif (jeunes pousses ou massif bien installé) interrogez-vous sur le caractère gênant du massif et l’utilité de mettre en place une action. Si le massif ne gêne pas ou ne risque pas d’être disséminé, le mieux est de ne rien faire. S’il est gênant, suivez les conseils afin de ne pas dynamiser la croissance du massif ou contaminer d’autres secteurs par des fragments végétaux.

Retrouvez les bons gestes à faire et ceux à ne pas faire sur la plaquette ci-dessous.

Potentille luisante Potentilla nitida L., 1756

Potentille luisante Potentilla nitida L., 1756 ©Diane Sorel
Cette potentille souffre de son esthétique ! Elle a souvent été prélevée pour agrémenter les jardins de rocaille. Aujourd’hui, elle est protégée !
Potentille luisante Potentilla nitida L., 1756 © Sanz CNBA

Comment la reconnaître ?
Petite, en touffe et velue, la Potentille luisante se repère facilement grâce à ses grandes fleurs blanches.

Où vit-elle ?
On la retrouve sur les rochers calcaires des hautes montagnes des Alpes ; Savoie, Haute-Savoie, Isère, Hautes-Alpes.

Dimensions : 5 – 15 cm
Floraison : Juillet-août
Altitudes : dès 1300 m
Répartition : France, Italie, Tyrol, Carniole, Carinthie, Styrie, Bosnie.

En savoir plus

© textes : Echotone © photos : SANZ Thomas — CBNA, Echotone Diane Sorel

Épipogon sans feuilles – Epipogium aphyllum Sw., 1814

Surnommé le farfadet, cette orchidée à la capacité fleurir sous terre à l’abri des regards, ou même de ne pas fleurir ! L’Épipogon sans feuilles est donc capable de rester invisible plusieurs années avant de réapparaitre. Cette espèce est protégée au niveau national et fait partie des espèces prioritaires pour le Parc en terme de stratégie biodiversité.
Epipogium aphyllum Sw., 1814 ©CNBA Villaret

Comment le reconnaître ?
L’Épipogon sans feuilles ne possède pas de chlorophylle, sa tige est donc de couleur crème à rougeâtre et non verte ! Ses fleurs sont légèrement translucides et le labelle de sa fleur est orienté vers le haut.

Où vit-il ?
Très rare, on rencontre cette plante dans les bois frais et humides, souvent dans les tapis de mousse. L’Épipogon se nourrit de matière organique en décomposition dans le sol.

Dimensions : 5-25cm
Floraison : Juillet — Septembre
Altitudes : 300 – 1900 m
Répartition : Europe centrale et boréale ; Caucase, Sibérie.

En savoir plus

© textes : Echotone © photos : Orchi GFDL — CC- BY-SA-3.0 — VILLARET Jean-Charles CNBA

Un cairn, une bonne idée ? Pas sûr….

Des cairns en montagne, vous en observez beaucoup, vous les alimentez peut-être même, les photographiez, vous invitez même votre plus jeune enfant à mettre sa pierre….

Depuis quelques années, cette pratique de construction de cairns (ou d’alimentation le long de sentiers balisés ou non) connait un succès croissant dans les milieux naturels.

Pourtant cette pratique n’est pas anodine. Si elle constitue pour certains, une performance artistique, un rituel de passage voire même un geste éducatif pour ses enfants, elle peut devenir une véritable nuisance lorsqu’elle n’est pas réalisée au bon endroit ou lorsqu’elle est faite de manière démesurée, car vous êtes de plus en plus nombreux à le faire. A la fin d’une saison estivale, avant que la neige ne recouvre les sols, ce sont des dizaines de mètres cubes de cailloux qui auront été déplacés !

Pourquoi ne faut-il pas construire de nouveaux cairns ou alimenter ceux qui existent ?

En randonnée, par le mot « cairn », on désigne des monticules de pierres empilées, placés à dessein par l’homme pour marquer un lieu particulier mais aussi un itinéraire.

Mais en milieu naturel quel qu’il soit, déplacer les cailloux n’est pas sans conséquence :

  • Ils constituent un habitat potentiel pour des dizaines voire des centaines d’espèces en montagne, dans les forêts, sur les plages, dans les déserts. Déranger ou déplacer ces pierres peut ainsi avoir pour effet de chasser les créatures qui en dépendent voire menacer leur survie car cela va modifier la structure de leur écosystème.
  • Les pierres ont un rôle essentiel pour retenir les graines nécessaires à la revégétalisation du sol. Leur déplacement est facteur d’érosion. Le piétinement, en dehors des sentiers balisés, est également source de dérangements pour la faune et de dégradation des sols montagnards fragiles.
  • En montagne, les conditions de vie peuvent être extrêmes. Il faut 15 000 ans pour constituer seulement 10cm de sol à 1700m d’altitude. Il existe donc un risque réel pour la végétation quand on arrache ou déplace les cailloux : il faut plusieurs années pour reconstruire un tapis végétal à l’endroit où vous avez pris le caillou ou sous le cairn que vous aurez constitué.
  • Chaque caillou prélevé dans un chemin, dans une falaise, une paroi ou dans le sol, favorise l’érosion. Sa disparition offre le terrain aux phénomènes érosifs (pluie, vent, piétinement, etc). Les cailloux du chemin sur lequel vous marchez permettent de garantir la stabilité d’un sentier par exemple… Les ôter revient à détruire la biodiversité et favoriser l’érosion.

Malheureusement, le plus souvent, remettre les pierres à leur place ne suffit pas à réparer les dégâts qui s’aggravent avec le temps. D’où l’importance de ne pas les déplacer ! N’oubliez pas, vous n’êtes pas seuls en montagne ! En 1999, une étude de fréquentation réalisée sur la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse dénombrait 250 000 personnes à l’année. Souvent chacun veut laisser sa trace, ce qui peut complétement dénaturer les sites.

Face à ce phénomène grandissant, plusieurs villes de la côte Atlantique ont été obligées de prendre des arrêtés interdisant la construction de Cairns sauvages. Et dans certains endroits du monde, c’est même passible d’amende…

Donc aidez-nous à préserver notre environnement : tant pis pour les photos des cairns dans certains endroits comme les réserves naturelles et pour les rituels, pensons à la Nature en priorité, éduquons nos enfants aux bons gestes !

« La première règle dans l’environnement est de ne pas laisser de trace », John Hourston, fondateur de l’organisation Blue Planet Society

Ensemble préservons les pelouses du Charmant Som

Le Club Alpin Français Grenoble-Oisans, en partenariat avec le Parc naturel régional de Chartreuse, organise chaque année une action  en faveur de la nature et du milieu naturel dans le cadre de son événement « Que la Nature est Belle ». A ce titre, cette année, les bénévoles du club participeront au chantier de restauration des pelouses du Charmant Som le 26 juin 2021.

Bien que les différents confinements aient permis une bonne restauration des pelouses du Charmant Som sur certains secteurs, certains endroits continuent de se dégrader car les visiteurs continuent de couper les lacets … Ainsi, en complément des panneaux/affichettes posés, une expérimentation est en cours avec  la pose de branchages sur les secteurs dégradés. L’objectif est de dissuader les personnes de couper les lacets malgré le panneau et donc par conséquent favoriser la restauration naturelle des pelouses sur les sentes dégradées.

LE CHARMANT SOM, un site à fort enjeux écologiques

Le site du Charmant Som fait partie du réseau européen des sites Natura 2000 et présente des milieux naturels à forts enjeux écologiques. Environ 95% du site présente des habitats d’intérêt communautaire, c’est-à-dire des milieux naturels identifiés pour leur rareté ou leur fragilité, ainsi que pour la spécificité des espèces qu’ils abritent (Apollon, Potentille du Dauphiné, Rosalie des Alpes, lynx, Gagée jaune…)

L’objectif du réseau Natura 2000 est de maintenir ou restaurer, dans un bon état de conservation, la biodiversité de ces sites. Pour cela, il faut concilier préservation de la nature et maintien des activités socio-économiques.

Ainsi, les pelouses (végétation naturelle herbacée basse) qui bordent le sentier allant du parking des bâtiments du Charmant Som jusqu’au sommet du Charmant Som, sont d’intérêt communautaire. Il s’agit notamment de pelouses calcaires alpines et subalpines (code de l’habitat d’intérêt communautaire : 6170).

Le site Natura 2000 du Charmant Som est doté d’un Documents d’objectifs (plan de gestion) défini en concertation avec les partenaires concernés. L’un des objectifs de ce plan de gestion concerne la préservation des paysages et des milieux naturels.

L’écocompteur installé sur le site nous permet de constater que le Charmant Som connaît une augmentation de la fréquentation d’environ 10% chaque année. En 2019, on estime que 93 000 visiteurs sont montés au sommet du Charmant Som (hors période de neige).

Cette forte fréquentation s’accompagne de la création de sentiers annexes / parasites créés par les visiteurs à la recherche d’un point de vue, d’un coin tranquille pour se poser ou d’un itinéraire plus rapide….

En comparant les photographies aériennes de 1948 et 2018, on peut constater qu’en quelques années, les pelouses ont été pas mal dégradées par ces sentiers annexes (sentiers « doubles », lacets coupés, sentier sur la crête…).

Chaque année, en début de saison, la végétation tente de recoloniser ces espaces érodés. Cependant, les passages répétés, en particulier tôt en début de saison, anéantissent ces efforts.

Pour éviter au maximum de lourds chantiers de restauration de pelouses, réduire l’érosion irrémédiable des sols et favoriser la restauration naturelle des milieux, chaque année, le Parc, dans le cadre de la gestion du site Natura 2000, pose des panneaux de sensibilisation au départ des sentiers parasites afin d’inciter les visiteurs à rester sur le sentier balisé d’un trait jaune.

 Nous vous remercions par avance de rester sur les sentiers balisés et de préserver ainsi les pelouses du Charmant Som. Bonne visite à tous.

ZOOM sur Le Conseil scientifique commun > Des experts pluridisciplinaires au service du territoire

Pour le Parc naturel régional de Chartreuse et pour la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, le 24 septembre 2020 est une date qui compte ! Ce jour-là marque en effet la naissance de leur Comité scientifique commun (CSC) et la première réunion de ses 17 membres bénévoles qui mettent leur savoir au service du territoire.

Si le CSC n’a que quelques mois d’existence, il n’est pas non plus né de la dernière pluie ! En effet, le Parc disposait déjà d’un conseil scientifique depuis 1999 et la Réserve, depuis 2006, bien que cet organe consultatif ne soit pas obligatoire sur le plan réglementaire. Fabien Hobléa est l’ancien président du Conseil scientifique du Parc. Il explique : « C’est à l’occasion de la nouvelle charte du Parc et de l’adoption du nouveau plan de gestion de la Réserve que l’idée de la fusion s’est imposée afin d’aborder de manière plus globale les questionnements scientifiques des deux entités. » 

Quatre missions d’intérêt général

« Le CSC a pour but d’accompagner le Parc et la Réserve dans la mise en œuvre de leur politique de développement durable » synthétise la nouvelle co-présidente, Sophie Madelrieux.

 « Notre expertise scientifique permet d’enrichir le dialogue qu’entretiennent les élus et les équipes techniques, et d’éclairer leurs choix. »

La feuille de route du CSC s’organise autour de quatre missions :

• éclairer les élus et les techniciens sur les enjeux territoriaux en croisant les approches des sciences de la nature et des sciences sociales ;

• apporter une expertise scientifique et/ou technique pour donner un avis ou une réponse au Parc, à la Réserve ou bien aux organismes qui le sollicitent ;

• faire avancer la recherche en s’appuyant sur une réflexion territorialisée ;

• valoriser et partager la connaissance avec le public.

Des projets ancrés dans la réalité

Loin d’être un cercle de réflexion déconnecté du quotidien, le Conseil s’attèle à des sujets concrets qui concernent les habitants et le patrimoine du massif au sens large. Sophie Madelrieux cite en exemple le projet consacré à la valorisation de la filière laitière, ainsi que l’avis que le CSC a rendu à l’ONF à propos du plan de reboisement prévu en Chartreuse. « Utiles localement, ces travaux solidement documentés peuvent également servir à d’autres Parcs, car certains éléments de réponse ont une valeur générique ». De son côté, Fabien Hobléa se rappelle les écroulements du Granier de 2016. « Ces événements étaient aussi imprévus que complexes à gérer. Nous avons travaillé avec l’ensemble des intervenants pendant la crise et durant les deux années qui ont suivi pour sécuriser le secteur, surveiller le Granier, et tenter de comprendre l’origine de ces phénomènes naturels ». Il évoque également le trail du Grand-Duc pour lequel une méthode novatrice d’étude d’incidence a été produite sous la houlette du Conseil. Cette étude a permis de formuler des recommandations visant à limiter l’impact environnemental de l’événement. 

« Dans les mois prochains, indique Sophie Madelrieux, nous allons suivre plusieurs projets comme l’aménagement du col de Porte ou l’installation de micro-centrales sur les rivières du territoire. Les membres du CSC souhaitent travailler étroitement avec les équipes techniques du Parc et de la Réserve, et avec les élus, pour mettre leurs compétences au service du territoire. »

17 experts scientifiques aux compétences éclectiques !

Le CSC compte 17 experts parmi lesquels ses deux co-présidents : Sophie Madelrieux (agronome) et Jean-Jacques Brun (écologue). Tous issus de la communauté scientifique régionale, ils ont chacun leur spécialité (la nivologie, l’entomologie, la botanique, la sociologie, l’archéologie, la géographie environnementale, etc.). Leurs points communs ? Leur engagement bénévole ainsi que leur passion de la science et de la Chartreuse !