LE CHARMANT SOM, un site à fort enjeux écologiques

Le site du Charmant Som fait partie du réseau européen des sites Natura 2000 et présente des milieux naturels à forts enjeux écologiques. Environ 95% du site présente des habitats d’intérêt communautaire, c’est-à-dire des milieux naturels identifiés pour leur rareté ou leur fragilité, ainsi que pour la spécificité des espèces qu’ils abritent (Apollon, Potentille du Dauphiné, Rosalie des Alpes, lynx, Gagée jaune…)

L’objectif du réseau Natura 2000 est de maintenir ou restaurer, dans un bon état de conservation, la biodiversité de ces sites. Pour cela, il faut concilier préservation de la nature et maintien des activités socio-économiques.

Ainsi, les pelouses (végétation naturelle herbacée basse) qui bordent le sentier allant du parking des bâtiments du Charmant Som jusqu’au sommet du Charmant Som, sont d’intérêt communautaire. Il s’agit notamment de pelouses calcaires alpines et subalpines (code de l’habitat d’intérêt communautaire : 6170).

Le site Natura 2000 du Charmant Som est doté d’un Documents d’objectifs (plan de gestion) défini en concertation avec les partenaires concernés. L’un des objectifs de ce plan de gestion concerne la préservation des paysages et des milieux naturels.

L’écocompteur installé sur le site nous permet de constater que le Charmant Som connaît une augmentation de la fréquentation d’environ 10% chaque année. En 2019, on estime que 93 000 visiteurs sont montés au sommet du Charmant Som (hors période de neige).

Cette forte fréquentation s’accompagne de la création de sentiers annexes / parasites créés par les visiteurs à la recherche d’un point de vue, d’un coin tranquille pour se poser ou d’un itinéraire plus rapide….

En comparant les photographies aériennes de 1948 et 2018, on peut constater qu’en quelques années, les pelouses ont été pas mal dégradées par ces sentiers annexes (sentiers « doubles », lacets coupés, sentier sur la crête…).

Chaque année, en début de saison, la végétation tente de recoloniser ces espaces érodés. Cependant, les passages répétés, en particulier tôt en début de saison, anéantissent ces efforts.

Pour éviter au maximum de lourds chantiers de restauration de pelouses, réduire l’érosion irrémédiable des sols et favoriser la restauration naturelle des milieux, chaque année, le Parc, dans le cadre de la gestion du site Natura 2000, pose des panneaux de sensibilisation au départ des sentiers parasites afin d’inciter les visiteurs à rester sur le sentier balisé d’un trait jaune.

Des travaux pour réaménager le sentier et le parking

En mai 2023, des travaux d’aménagement ont été initiés par l’ONF sur le sentier et le parking du Charmant Som.

L’itinéraire de départ a été modifié afin de :

  • Laisser la flore se régénérer* et effacer les chemins non officiels
  • Ne pas perturber l’activité pastorale

*En montant au Charmant Som, vous verrez une zone mise en défens pour favoriser la reconstitution de la végétation.

Comme chaque année des petites affichettes ont été installées mi-mai pour baliser le sentier et ainsi participer à la préservation des pelouses du Charmant Som.

Nous vous remercions par avance de rester sur les sentiers balisés et de préserver ainsi les pelouses du Charmant Som. Bonne visite à tous !

PODCAST Graines de rivières sauvages

Graines de Rivières Sauvages Mai 2024 (Reportage Entre-Deux-Guiers) 

Avec ce mois-ci : Sylvène, Lise, Laura et Fabien ainsi que les jeunes de l’école de Entre-Deux-Guiers.

Sachez admirer les jonquilles sauvages !

Avec le printemps, la nature s’éveille. Le narcisse jaune, appelé communément jonquille, fait partie des premières fleurs des prairies, alpages et sous-bois à profiter du retour du soleil et des températures plus clémentes.

La floraison paraît notamment abondante sur certains sites emblématiques de la Grande Chartreuse, labellisée « Forêt d’Exception® ». Pourtant, la menace pèse sur ces fleurs, lorsque le plaisir des yeux qu’elles procurent en pleine nature laisse place à l’envie de les cueillir.

Si les jonquilles sauvages fleurissent « le plus tôt possible » dans l’année, selon leur milieu, c’est pour mieux profiter de la lumière, avant éclosion des autres fleurs ou feuillaison des arbres qui risquent de lui faire de l’ombre.

Fuyant ainsi habilement la concurrence des autres espèces, ces magnifiques fleurs sauvages, admirées au cours de l’histoire et nourrissant l’un des plus beaux mythes, celui de Narcisse tombant amoureux de son reflet dans l’eau, replongent ensuite, au bout de quelques semaines, dans une longue vie végétative jusqu’à l’année suivante.

Comme dotée d’un « esprit de famille », la jonquille va avoir à cœur, tout au long de sa vie de plusieurs dizaines d’années, si l’on veut bien la laisser faire, de se multiplier par des techniques variées : pollinisation et surtout division des bulbes souterrains. Les parterres de fleurs sauvages ainsi observés sont alors signes du caractère ancien, mature et préservé de leur milieu.

Alors pourquoi cueillir et ainsi affaiblir ces fleurs qui se sont données tant de mal et ont pris tant de temps à nous émerveiller ?

La réglementation iséroise nous invite d’ailleurs à laisser cette espèce tranquille : cueillir plus de 15 brins de jonquilles sauvages (20 en Savoie) est passible de 750 euros d’amende, et la cueillette des parties souterraines de la fleur (bulbe) est tout simplement proscrite.

Les règles limitant ou interdisant la cueillette des fleurs et plantes sauvages s’appliquent aussi à bien d’autres espèces (Génépi, Vulnéraire des Chartreux, Nivéole de printemps, Arnica des montagnes…), qui, chacune, ont leur « carte à jouer » dans l’écosystème et n’ont nulle envie de s’éteindre à jamais ! Pour emporter avec nous un peu du plaisir procuré par la vue de ses coussins de fleurs sauvages, rapportons donc une photo plutôt qu’un spécimen grandeur nature, qui fanera en quelques jours.



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Forêt d’Exception®
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Traitement expérimental  pour l’éradication des renouées asiatiques aux abords du Guiers mort

Les renouées asiatiques sont des plantes exotiques envahissantes qui se développent rapidement et colonisent facilement des nouveaux terrains.
La présence de cette plante en grande quantité représente une menace pour les habitats et les espèces. Un projet expérimental est en cours sur une dizaine de tâches de renouées réparties de Perquelin à l’entrée du bourg de Saint Pierre de Chartreuse à l’aide d’une méthode innovante utilisant du sel alimentaire.

Traitement expérimental pour l’éradication des renouées asiatiques aux abords du Guiers mort :

Maître d’ouvrage : PNR de Chartreuse
Maître d’oeuvre/entreprise retenue :
Pisano Eradication Renouées
Durée du chantier : 3 ans, d’avril 2022 à octobre 2024

Objectif : expérimenter une méthode pour éradiquer cette plante invasive et restaurer les milieux.
Projet mis en œuvre pour une durée de 3 ans sur environ 3000 m2 de renouées asiatiques, ce qui représente une dizaine de tâches de renouées réparties de Perquelin à l’entrée du bourg de Saint Pierre de Chartreuse.

Projet inscrit au programme d’actions lié au label Rivières sauvages sur le Guiers mort.

Le Bunias d’Orient, une plante exotique envahissante qui commence à coloniser la Chartreuse !

Semblable à la moutarde des champs ou au colza, le Bunias d’Orient qui mesure de 30cm à 1,2m est reconnaissable à :

  • ses feuilles étroitement incisées, avec un grand lobe terminal trilobé et pointu, souvent en fer de hallebarde
  • sa forte odeur
  • ses fruits en forme de poire de 6-10 mm et couverts de petits tubercules très visibles

Tous les détails pour la reconnaître ici (attention aux confusions !) : https://www.tela-botanica.org/mission/buniasorientalis/

Cette plante porte surtout atteinte aux parcelles agricoles :  baisse de rendement, refus de pâturages…

Il est important d’agir dès à présent pour éviter que cette plante n’envahisse les milieux naturels et agricoles comme c’est le cas avec d’autres plantes.

Elle a déjà été détectée à plusieurs endroits sur le massif comme par exemple le long de la route départementale entre Saint-Laurent-du-Pont et Saint-Joseph-de-Rivière.

Les observations de cette plante sont disponibles sur https://atlas.biodiversite-auvergne-rhone-alpes.fr/espece/86975

Plus tôt on détecte, plus il est facile d’empêcher sa prolifération. Donc, si vous l’observez, n’hésitez à partager l’information sur :

https://www.tela-botanica.org/mission/buniasorientalis/ , rubrique « Saisir »

Ouvrez l’œil, vos observations sont précieuses !

Des recommandations de lutte ici : https://extranet-isere.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Auvergne-Rhone-Alpes/Fiche_technique_bunias_.pdf

CHARTREUSE PROPRE – LE CHANTIER DU FROU

Merci ! au Collectif chartreuse propre et aux Les Amis du Parc de Chartreuse ainsi qu’à tous les bénévoles.
Sans vous et votre envie de redonner à la Chartreuse sa beauté sauvage, ces opérations de ramassage ne pourraient avoir lieu.
Cette année, vous avez été plus de 200 participants sur 6 chantiers, et environ 80 m3 de déchets ont été extraits de la Chartreuse, ce qui représente 15 à 20 tonnes ! un grand bravo à vous !

Retour en image sur le chantier du Frou que le Parc a accompagné dans le cadre de l’appel à projet eau et participation citoyenne

Habiter Parc

La Fédération des Parcs naturels régionaux de France se réjouit de la mise en ligne de la plateforme du cadre de vie au service de l’implication des habitants : Habiter Parc !

Une nouvelle plateforme destinée au cadre de vie des habitants.

Destinée à favoriser la transmission des savoirs et savoir-faire, la plateforme Habiter-Parc, outil technique de l’Université populaire du cadre de vie animée par la Fédération des Parcs, prend tout son sens par les nombreuses actions de sensibilisation, de médiation et de concertation qu’elle y promeut. Déployées par les Parcs à destination de leurs habitants sous forme d’initiatives exemplaires et d’annonces immobilières d’habitats à rénover ou de commerce à reprendre. Fruit du travail conjoint avec les Parcs pilotes de la Brenne, Chartreuse et Préalpes d’Azur et la Fédération des Parcs, la plateforme permet ainsi aux habitants à davantage s’inscrire dans le territoire et ses patrimoines, notamment autour des questions de l’habitat : se loger, se nourrir, travailler, se cultiver, se déplacer et se détendre.

Une structuration de l’offre territoriale.

L’objectif ? Que la plateforme puisse être étendue à l’ensemble du réseau des Parcs naturels régionaux, au-delà des Parcs déjà pilotes. Pour contribuer à structurer une offre territoriale par une mise en réseau de l’ensemble des acteurs qui s’inscrivent dans le projet territorial porté par chaque Parc : réseau d’architectes, d’artisans, de distributeurs de matériaux, d’alimentation… Chaque Parc intervient en tant que relais, accompagnateur ou comme “ensemblier” d’initiatives locales. L’Université populaire des Parcs étant pensée pour être ouverte à tous.

Un projet soutenu par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT).

Natura 2000 Hauts de Chartreuse Dominique Clouzeau Présidente

Dominique Clouzeau, maire du Plateau des Petites Roches et élue au Parc et Vice-Présidente à la Biodiversité, a été élue à l’unanimité Présidente du Comité de pilotage Natura 2000 Hauts de Chartreuse après avoir présenté sa position sur ces sujets. Elle succède à Gérard Arbor, ancien maire et élu en tant que VP Biodiversité au Parc, qui avait été élu à la Présidence du dernier COPIL organisé en 2017.

Le Parc naturel régional de Chartreuse est gestionnaire de 3 sites Natura 2000 : les sites de l’Herrétang, Hauts de Chartreuse et du Charmant Som.

L’objectif et fonctionnement général de N2000 est de viser à préserver des espèces et habitats d’intérêt communautaire tout en prenant en compte les activités socio-économiques et particularités territoriales. L’intérêt de conservation se situe à l’échelle Européene et pas nécessairement locale.  Le fonctionnement est contractuel, en opposition au réglementaire de la Réserve naturelle. Il s’appuie sur la proposition de contrats et chartes signés par des propriétaires volontaires qui rémunèrent des pratiques plus soucieuses de l’environnement (ex: îlots de sénescence).

Le Comité de Pilotage est un organe de concertation et d’échange avec les usagers du site Natura 2000 et les acteurs locaux divers (communes, département, région, représentants de l’état, OFB, associations naturalistes comme Gentiana, LPO, FNE…, propriétaires, acteurs forestiers: ONF, CRPF, associations sportives, acteurs pastoraux: représentant des alpagistes, FAI…). Il vise entre autre à valider le Document d’objectif et à le mettre en oeuvre. 

Il y a un COPIL par site. La réunion du COPIL est une étape indispensable au fonctionnement de Natura 2000 en France, cela permet de se retrouver et d’échanger sur différents enjeux, d’intégrer les acteurs locaux à la gestion du site Natura 2000. 

Les syrphes indicateurs de biodiversité

Les syrphidés sont de bons bio indicateurs. Les connaissances acquises et les dynamiques de recherches actuelles sur cette famille, en font un modèle inégalé à ce jour.

LES SYRPHES, DE « PETITES MOUCHES » INOFFENSIVES

Habitué des jardins fleuris, et souvent pris pour une petite guêpe, le syrphe n’est qu’une petite « mouche » qui vient souvent perturber vos siestes en montagne. Mais il peut faire beaucoup pour la biodiversité. Pollinisateur et grand prédateur des pucerons, il a tout d’un grand auxiliaire !

UNE ÉTUDE SUR LES SYRPHES

Dans le cadre du plan de gestion de la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de Chartreuse, une seconde étude sur les diptères syrphidés a été réalisée en 2019 et 2020 sur les deux secteurs étudiés en 2008. L’objectif était de mesurer l’évolution de l’état écologique de ces habitats d’altitude (pelouses subalpines et pinèdes principalement) depuis 2008, via la méthodologie Syrph the Net /StN (https://www.reserves-naturelles.org/publications/cahier-ndeg8-guide-technique-de-mise-en-oeuvre-d-une-etude-syrph-the-net-retours-d). L’échantillonnage des syrphes a été réalisé à l’aide de tentes Malaise (Malaise, 1937). Standardisée, cette méthode de piégeage est passive (donc non attractive), non sélective (Fiers, 2004) et particulièrement efficace dans l’interception des insectes volants comme les adultes des diptères syrphidés. L’analyse StN est surtout basée sur la connaissance de l’écologie larvaire des syrphes.

En 2008, deux sites avaient été prospectés : le Granier avec 6 tentes et la Dent de Crolles avec 6 tentes, relevés sur 1 an. En 2019/2020, les deux mêmes sites ont été prospectés avec 2 tentes par site mais une analyse renouvelée sur deux ans pour limiter les biais météo éventuels.

RÉSULTATS D’ANALYSE ÉTUDE SYRPHE 2019/2020

UNE QUANTITÉ DE MATIÈRE VIVANTE GLOBALE, DE DIVERSITÉ D’ESPÈCE ET D’ABONDANCE DE CES DERNIERES EN FORTE DIMINUTION SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Sur les deux secteurs étudiés entre 2008 et 2020, une diminution des bio-indicateurs de la famille des syrphes (Diptera) est observée (-16 % de l’abondance totale ; -7 % de la richesse spécifique). Le constat est similaire concernant la biomasse (Masse de matière vivante subsistant en équilibre sur une surface donnée du globe terrestre) estimée, chutant en moyenne de -62 % (passe de 7,6 ± 1,3 à 2,9 ± 1,2 gr/jour) durant la décennie, soit une perte annuelle de la biomasse en invertébrés de -6,2 %. Concernant la syrphidofaune, les diminutions sont surtout observées dans les cortèges subalpins (entre 1 700-1 900 m et 2 300-2 500 m d’altitude), notamment dans le secteur du Mont Granier. L’analyse des assemblages d’espèces, avec la base de données Syrph the Net, permet de quantifier cette dégradation fonctionnelle de -8 % à la Dent de Crolles et de -27% au Mont Granier.

UNE BAISSE DE LA DIVERSITÉ DES ESPÈCES FLORISTIQUES TYPIQUES DES MILIEUX DE PELOUSES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS

Les pelouses et landes subalpines au Mont Granier deviennent en 2020 en mauvais état de conservation (Intégrité écologique (IE) = 36 %), enregistrant une baisse de -21% cette intégrité écologique depuis 2008. Les espèces manquantes signent, par leur absence, une baisse de la typicité floristique durant cette décennie.

A la Dent de Crolles, il semble, pour l’instant, que ces habitats ouverts soient en bon état (IE=65 % ±1 % entre 2008-2020). Les influences climatiques, combinées aux conditions stationnelles -certainement plus favorable, permettent peut-être une faculté de résistance plus forte qu’au Mont Granier. Si le substratum géologique (calcaire de l’Urgonien) et le pendage (20°) sont identiques, l’exposition diffère : exposée Sud-Est pour la Dent de Crolles et Nord-Ouest pour le Mont Granier. Ce dernier secteur est plus typé haute montagne que la Dent de Crolles (RNHC, 2018).

UN MANQUE DE BOIS VIEILLISSANT ET UNE DIMINUTION DU RENOUVELLEMENT FORESTIERS DE CERTAINES ESPÈCES D’ARBRES.

Dans les zones forestières, et malgré de bons à assez-bons résultats en 2019-2020 (IE Mont_Granier=59 % ; IE Dent_de_Crolles=72 %), les habitats de Pin sylvestre et Pin à crochets enregistrent une baisse de fonctionnalité. Ce constat est fortement marqué au Mont Granier (IE2008-2020=-32%) où le diagnostic pointe notamment un manque de bois vieillissant, mais surtout une faible apparition de nouveaux individus des espèces de type Pins et essences d’accompagnements. En l’absence de pastoralisme depuis plus de 60-70 ans, ce résultat est surprenant et semblerait être imputé aux modifications climatiques.

A la Dent de Crolles (IE 2008-2020= -8%), un maintien voire une augmentation de la fonctionnalité forestière était attendue, suite à l’absence de pâturage depuis 2007 (présence de nombreuses zones ouvertes en cours de recolonisation). Il est certes possible que la vitesse de recolonisation forestière soit extrêmement lente à cette altitude mais cela n’explique pas la diminution de la fonctionnalité.

Serait-ce également un des effets des modifications climatiques ? Encouragée par le réchauffement climatique, l’épicéa, est un concurrent tout désigné du pin à crochet, en plus d’être à même de recoloniser les secteurs anciennement pâturés. Pourtant, dans les conditions climatiques récentes et similaires, le pin ne semble guère souffrir de concurrence avec l’épicéa, dans la haute Chaine du Jura par exemple (Béguin in Prunier & Boissezon, 2017). Il sera donc intéressant d’observer si le passage, à un moment donné, d’un seuil en matière de conditions climatiques (durée d’enneigement plus courte, température moyenne plus élevée en période de végétation, sécheresses estivales accrues), favorise l’épicéa.

UNE REMONTÉE EN ALTITUDE INATTENDUE DE CERTAINES ESPÈCES DE SYRPHES.

Une proportion importante des espèces inattendues (44 % des espèces observées en moyenne) est mesurée en 2019-2020. Cette composante de la faune collectée était déjà importante en 2008 (40 %). Celle-ci provient des habitats attenants, non ciblés par l’échantillonnage (Hêtraie, Pelouses montagnardes…), et a -pour la plupart des espèces- des affinités écologiques montagnardes (entre ~500 m et ~1500 m d’altitude) voire collinéennes (entre 500 et 800 m). Leur proportion reste stable au Mont Granier et augmente cependant de 10% à la Dent de Crolles entre 2008 et 2020. Pour ces espèces, pour l’instant « inattendues », il est probable que les changements d’habitat ne se produisent pas assez rapidement et qu’elles ne puissent trouver refuge à de telles altitudes à moyen terme (Prunier & Boissezon, 2017).

LE GRANIER PLUS TOUCHÉ QUE LA DENT DE CROLLES SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Il semblerait ne pas avoir de raison évidente pour que le site où le pâturage s’est arrêté il y a 60 ans, le Mont Granier, soit le plus gravement touché par des facteurs défavorables que la Dent de Crolles, où le pâturage ne s’est arrêté que récemment. Des données sur les précipitations pour chacune des stations étudiées seraient nécessaires pour étudier leurs différences et connaitre leur évolution au cours des dix dernières années. Si, pour une raison quelconque, le Mont Granier a été plus chaud et plus sec que la Dent de Crolles, le lien au changement du climat peut être évoqué de manière raisonnable, expliquant le déclin de la faune du Granier et prédisant également que la faune de Dent de Crolles présentera le même déclin prochainement.

Les données des suivis floristiques seraient intéressantes à étudier pour rechercher des éléments de compréhension de ce type. Précisons également que le pâturage naturel des ongulés sauvages est pris en compte dans la codification des pelouses subalpines (StN -23132, Speight & Castella, 2020). Ce dernier a un impact restreint, surtout en l’absence de compétition avec les espèces domestiques (Ducommun, 1992). Il n’est pas exclu que les ongulés aient un impact à l’avenir surtout, dans un contexte d’augmentation des populations et de modification climatique (Fischer et al. in Prunier & Boissezon, 2017).

Ces résultats, inquiétants, sont certainement induits par les perturbations climatiques que ces habitats subissent de plein fouet depuis un demi-siècle (GIEC, 2018). Ces zones ouvertes et semi-ouvertes subalpines de Chartreuse, comme le Mont Granier et la Dent de Crolles, sont des savanes karstiques froides et sèches, très fortement sensibles aux perturbations des précipitations, en quantité et en fréquence. Leur maintien semble menacé de disparition à moyen terme au profit des habitats montagnards. La vitesse des changements est inquiétante, à l’image de la mobilité « fuyante » des espèces dites inattendues, en dispersion dans des habitats subalpins qui n’auront certainement pas le temps de s’adapter et de les héberger.

Unir ses forces pour valoriser les variétés locales !

Vendredi 20 mai au lycée horticole de St Ismier, le Parc de Chartreuse, le lycée horticole de Saint-Ismier et l’exploitation du lycée ont unis leurs forces et leur savoir-faire pour produire et valoriser les variétés anciennes et/ou locales de fruits et légumes en Chartreuse.

Une opération innovante pour réinvestir dans une économie alimentaire locale pour le futur

Le Parc naturel régional de Chartreuse a lancé en 2016 une opération scientifique participative et innovante autour des variétés de fruits et légumes anciens et/ou locaux en partenariat avec le Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA) et l’association Jardins de Mémoires Montagnes (JDMM). Cette initiative constitue un programme unique en France à l’échelle d’un tel territoire. Il s’agit de se réapproprier un patrimoine oublié et le réinvestir dans une économie alimentaire locale pour le futur.

Les résultats issus des recherches bibliographiques conduites en début de projet sont exceptionnellement riches. Parmi les variétés d’origine locale et régionale, plus de 70 variétés ont déjà été retrouvées. Le Parc souhaite favoriser de nouveau leur expérimentation sur le territoire afin de permettre aux agriculteurs, mais aussi aux particuliers et aux consommateurs, la réappropriation de ce patrimoine biologique et culturel !

Valoriser et produire des variétés locales avec les centres de formation agricoles

Parmi les pistes de valorisation envisagées, suite à ce travail de recensement et d’enquêtes, il a été décidé de développer des synergies avec les Centres de formation agricole. Des rencontres ont ainsi eu lieu avec les établissements situés à proximité du Parc : le Lycée Costa de Beauregard – Fondation du Bocage à Chambéry et le Lycée horticole de Saint-Ismier.

Les spécialités proposées par le Lycée horticole et le CFPPA de Saint-Ismier, ainsi que les activités développées par l’exploitation du lycée ont permis de conduire des actions en commun autour de la production et la valorisation des variétés anciennes et/ou locales (accueil de sessions de formation, site de multiplication de certaines semences, …).

Une Convention de partenariat entre le Parc, le lycée et l’exploitation du lycée renforce et formalise ce travail partenarial. Dans ce cadre se poursuivront l’organisation de sessions de formation « Faites vos graines » à destination du grand public, la production de semences des variétés anciennes et/ou locales, avec l’objectif que les professionnels prennent ensuite le relais, ainsi que la création de vergers et la mise en culture d’arbres fruitiers.

Retrouvez des variétés locales sous l’appellation « Semences d’ici » à la Jardinerie du Lycée (lien https://lycee-horticole-grenoble-st-ismier.educagri.fr/jardinerie-vente-directe)
et page FB : https://www.facebook.com/exploitsti

La convention a été signée le vendredi 20 mai au lycée horticole de St Ismier en présence du vice-président du Parc, Stéphane Gusméroli, Martine Labaune, Directrice de l’EPLEFPA de Saint-Ismier et de Philippe Verignon, Directeur de l’exploitation de l’EPLEFPA de Saint-Ismier.