Un cairn, une bonne idée ? Pas sûr….

Des cairns en montagne, vous en observez beaucoup, vous les alimentez peut-être même, les photographiez, vous invitez même votre plus jeune enfant à mettre sa pierre….

Depuis quelques années, cette pratique de construction de cairns (ou d’alimentation le long de sentiers balisés ou non) connait un succès croissant dans les milieux naturels.

Pourtant cette pratique n’est pas anodine. Si elle constitue pour certains, une performance artistique, un rituel de passage voire même un geste éducatif pour ses enfants, elle peut devenir une véritable nuisance lorsqu’elle n’est pas réalisée au bon endroit ou lorsqu’elle est faite de manière démesurée, car vous êtes de plus en plus nombreux à le faire. A la fin d’une saison estivale, avant que la neige ne recouvre les sols, ce sont des dizaines de mètres cubes de cailloux qui auront été déplacés !

Pourquoi ne faut-il pas construire de nouveaux cairns ou alimenter ceux qui existent ?

En randonnée, par le mot « cairn », on désigne des monticules de pierres empilées, placés à dessein par l’homme pour marquer un lieu particulier mais aussi un itinéraire.

Mais en milieu naturel quel qu’il soit, déplacer les cailloux n’est pas sans conséquence :

  • Ils constituent un habitat potentiel pour des dizaines voire des centaines d’espèces en montagne, dans les forêts, sur les plages, dans les déserts. Déranger ou déplacer ces pierres peut ainsi avoir pour effet de chasser les créatures qui en dépendent voire menacer leur survie car cela va modifier la structure de leur écosystème.
  • Les pierres ont un rôle essentiel pour retenir les graines nécessaires à la revégétalisation du sol. Leur déplacement est facteur d’érosion. Le piétinement, en dehors des sentiers balisés, est également source de dérangements pour la faune et de dégradation des sols montagnards fragiles.
  • En montagne, les conditions de vie peuvent être extrêmes. Il faut 15 000 ans pour constituer seulement 10cm de sol à 1700m d’altitude. Il existe donc un risque réel pour la végétation quand on arrache ou déplace les cailloux : il faut plusieurs années pour reconstruire un tapis végétal à l’endroit où vous avez pris le caillou ou sous le cairn que vous aurez constitué.
  • Chaque caillou prélevé dans un chemin, dans une falaise, une paroi ou dans le sol, favorise l’érosion. Sa disparition offre le terrain aux phénomènes érosifs (pluie, vent, piétinement, etc). Les cailloux du chemin sur lequel vous marchez permettent de garantir la stabilité d’un sentier par exemple… Les ôter revient à détruire la biodiversité et favoriser l’érosion.

Malheureusement, le plus souvent, remettre les pierres à leur place ne suffit pas à réparer les dégâts qui s’aggravent avec le temps. D’où l’importance de ne pas les déplacer ! N’oubliez pas, vous n’êtes pas seuls en montagne ! En 1999, une étude de fréquentation réalisée sur la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse dénombrait 250 000 personnes à l’année. Souvent chacun veut laisser sa trace, ce qui peut complétement dénaturer les sites.

Face à ce phénomène grandissant, plusieurs villes de la côte Atlantique ont été obligées de prendre des arrêtés interdisant la construction de Cairns sauvages. Et dans certains endroits du monde, c’est même passible d’amende…

Donc aidez-nous à préserver notre environnement : tant pis pour les photos des cairns dans certains endroits comme les réserves naturelles et pour les rituels, pensons à la Nature en priorité, éduquons nos enfants aux bons gestes !

« La première règle dans l’environnement est de ne pas laisser de trace », John Hourston, fondateur de l’organisation Blue Planet Society