Pourquoi il est recommandé de ne pas faire de feu en montagne voire interdit dans certains endroits ?

Pourquoi faire un feu lors d’un bivouac en montagne et plus particulièrement dans la réserve naturelle, est une mauvaise idée même si c’est très sympa en termes d’ambiance ?

1 / Parce que c’est interdit : La RN des hauts de Chartreuse c’est 0.02% du Territoire métropolitain, on y trouve 15% de la biodiversité floristique Française…dont beaucoup d’espèces spécialisées pour des milieux naturels difficiles. Faire des feux au sol en montagne, c’est au choix selon les zones soit détruire le socle de ce qui a permis durant des milliers d’années à  une végétation fragile à s’installer, soit favoriser à terme le remplacement d’une flore rare et spécialisée par une végétation banale…(relarguage dans l’environnement de nutriments assimilables).

2/ Le nombre de personne : 300 000 personnes en moyenne gravitent sur la RN et ils veulent tous faire leur feu . Il est très courant que l’on retrouve des foyers de feu distants d’à peine 10m par exemple. Si on fixait des places de feu ( dont la gestion reste une vraie question ) le long de l’itinérance, il est certain que malgré tout, il y aurait quand même des foyers ailleurs. Chacun veut le sien et son coin. L’humain est ainsi fait..

2/ L’action du feu sur les sols et sur les milieux :  Quand on va bivouaquer sur la Réserve on emmène rarement son sac de charbon. Donc ça veut dire qu’on va couper du bois ou en prélever pour faire ce feu et cela répété des centaines de fois par chaque groupe ou personne qui veut faire son feu. Autant de bois mort dont la biodiversité ne pourra pas se nourrir ou utiliser pour son cycle de vie (insectes, oiseaux, chauve-souris).

Les feux stérilisent le sol pour des milliers d’années en altitude. À 1600m d’altitude, en gros, sous nos latitudes, il faut entre 15 000 et 40 000 ans pour constituer 10cm de sol. Chaque feu, même sur un sol déjà brûlé, modifie artificiellement le cycle de l’azote, du calcium, etc, éléments essentiels pour les plantes. C’est bien comme cela d’ailleurs que l’on trouve la trace de nos ancêtres, par les foyers de feux et les  » déchets » que l’on trouve dedans.

3/ En parlant de déchets : les hommes (et femmes) préhistoriques laissaient des os, nous on laisse du verre, du papier, du plastique et de l’alu…temps de dégradation respectivement de 4000 ans, 3 mois, 1000 ans et 100 ans.

4/ Le risque d’incendie : deux incendies déclenchés en 2020 par des feux de bivouac ayant mobilisés un hélicoptère et 7 pompiers….

5 / Le dérangement sur la faune : la fumée et de l’odeur de fumée font fuir les animaux (instinct de fuite par rapport au feu) qui puisent dans leurs ressources pour fuir…Les animaux sortent quand les humains ne sont plus là. Plus on rallonge notre présence la nuit, plus les temps disponibles pour la faune se réduisent. Des études scientifiques ont montré que la surfréquentation impactent durablement la faune : surcroit de vigilance qui fait que les animaux se nourrissent moins bien et moins longtemps occasionnant une perte de poids et la baisse de la reproduction.

Envisager d’aborder la montagne et la nuit en montagne autrement peut aussi être un objectif en diminuant son impact, comme on essaye de diminuer son impact sur bien d’autres sujets (mobilité, énergie, déchets, alimentation, etc.).

La moralité, c’est mieux de pas faire de feu en montagne…

Si le feu est interdit sur la Réserve, l’usage de tous types de réchauds (gaz, carburant liquide…) est autorisé

Le réchaud à gaz est pratique car il ne laisse pas de traces au sol, permet le contrôle de la combustion (fort, faible) et surtout de ne pas faire s’envoler de braises un peu partout. Cela limite grandement le risques d’incendies et tranquillise le législateur. Enfin, il permet d’allumer rapidement un feu, de cuire puis de tout ranger sans avoir à mettre en place ou ranger un foyer.