Des nouvelles du Mosasaure de Chartreuse

En 2015, Frédéric Dumont, un palélontologue amateur passionné et fin connaisseur des assises géologiques de la Chartreuse, découvrait des morceaux de vertèbres fossilisées d’un mosasaure et alertait les services du parc de sa belle découverte. Il faut dire qu’une telle trouvaille n’est pas chose commune et il lui fallut une grande lucidité pour comprendre très vite de quoi il s’agissait !

En France, la dernière découverte de restes de ces reptiles marins contemporains des dinosaures remontait au début du Xxème Siècle, et jamais une telle découverte n’avait été réalisée ni en Chartreuse, ni dans les Alpes, pas plus dans la région AURA. Opportunité de connaissance scientifique rare mais aussi nouvel élément original d’un patrimoine géologique et paléontologique déjà très riche en Chartreuse, cette découverte a mobilisé différents partenaires particuliers et institutionnels. Un groupe de travail s’est constitué pour en assurer à la fois la conservation, l’analyse scientifique, puis la valorisation à venir dans le respect de l’intérêt général. Au cours de l’été 2017, des fouilles paléontologiques particulièrement délicates à mener dans un site très escarpé  ont pu être organisées. Le concours technique décisif de bénévoles, en appui aux services du Parc, de la commune, ainsi que la bienveillance du propriétaire foncier et de l’auteur de la découverte ont permis à trois paléontologues du MNHN de Paris d’extraire l’ensemble des ossements délivrés par la roche. De nombreux fossiles d’invertébrés de la même couche géologique, qui permettront d’analyser et mieux comprendre le milieu de vie de ce mosasaure de Chartreuse ont également été prélevés. Si l’espoir de la découverte d’un squelette complet a été quelque peu déçu, il convient de rappeler que la découverte de plus de 20 vertèbres d’un tel spécimen reste une découverte exceptionnelle et dont l’intérêt scientifique dépasse très largement la Chartreuse.

Mais, de toute façon, l’aventure du « mosasaure de Chartreuse » continue : Nathalie Bardet, paléontologue spécialiste des mosasaures au Museum d’Histoire Naturelle de Paris et responsable scientifique de ce projet, va désormais s’attacher à extraire de ces ossements, méthodiquement, le maximum d’informations. A ce travail, seront associés d’autres spécialistes pour l’analyse des différents groupes d’invertébrés fossiles (ammonites, crustacés…) prélevés à proximité. Une aubaine, peut-être, pour approfondir un peu la connaissance des mosasaures, dont les multiples espèces ont développé des particularités très originales dans l’histoire de l’évolution des espèces. Une fois analysées, toutes ces trouvailles regagneront le calme de la Chartreuse, dans le cadre d’un projet de valorisation en cours de réflexion.

Quoi qu’il en soit, la Chartreuse se sera enrichie d’une nouvelle part de mystère. Cette découverte  aura contribué encore un peu plus à la part de fascination qu’éveille le massif dans le domaine des géopatrimoines, confortant une identité bien à elle. Une nouvelle occasion qu’offre la Chartreuse, aussi, de méditer la mesure de l’homme, dans son temps et sur son territoire. 

Déjà, la découverte a largement bénéficié à la compréhension des sciences de la terre par les écoliers d’Entremont le Vieux, acteurs avec leurs institutrices d’un projet pédagogique remarquable.

 

Patrick Gardet