L’art de bivouaquer responsable sur la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse

250 000 personnes au minimum sur 4450ha* :  c’est le nombre de personnes qui fréquente l’espace de la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse (RN) en une année…. Cela fait beaucoup de monde qui souhaite profiter ou utiliser cet espace fragile à des fins de loisirs ou économiques…..

Suite à l’hyperfréquentation constatée dans tous les espaces montagnards en 2020 lors de la pandémie, la pratique du bivouac a explosé également en Chartreuse engendrant des conflits d’usages mais également de nombreux impacts sur les milieux naturels (déchets, démultiplication de foyers de feux alors qu’il est interdit en RN, dérangement de la faune, etc). 

Pour tenter de diminuer ce type d’impacts, plusieurs communes alpines ont mis progressivement en place des restrictions fortes comme l’interdiction totale de bivouaquer Les communes de la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse ont, quant à elles, pris la décision de restreindre la pratique du bivouac à celle pratiquée uniquement SANS TENTE, autrement dit le bivouac « à la belle étoile », le vrai bivouac ! Cette mesure test a été appliquée sur le mois d’août 2021, accompagnée de beaucoup de sensibilisation sur le terrain et beaucoup de communication. 

Depuis cette première expérience, un arrêté préfectoral a été pris en 2024.

Le bivouac SOUS tente, est donc interdit sur cette période sur le périmètre de la Réserve naturelle sur les communes d’Apremont, Saint Pierre de Chartreuse, Saint Pierre d’Entremont Isère et Savoie, Entremont le Vieux, Chapareillan, Sainte Marie du Mont, Porte de Savoie et Plateau des Petites Roches.

Vous pouvez donc poser votre tapis de sol, duvet et sursac avec votre réchaud gaz si besoin, de la tombée du jour au levé de celui-ci,  en profitant des étoiles et de la nature dans laquelle vous serez totalement immergé.

Bon bivouac responsable et bonne nuit étoilée.

Les syrphes indicateurs de biodiversité

Les syrphidés sont de bons bio indicateurs. Les connaissances acquises et les dynamiques de recherches actuelles sur cette famille, en font un modèle inégalé à ce jour.

LES SYRPHES, DE « PETITES MOUCHES » INOFFENSIVES

Habitué des jardins fleuris, et souvent pris pour une petite guêpe, le syrphe n’est qu’une petite « mouche » qui vient souvent perturber vos siestes en montagne. Mais il peut faire beaucoup pour la biodiversité. Pollinisateur et grand prédateur des pucerons, il a tout d’un grand auxiliaire !

UNE ÉTUDE SUR LES SYRPHES

Dans le cadre du plan de gestion de la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de Chartreuse, une seconde étude sur les diptères syrphidés a été réalisée en 2019 et 2020 sur les deux secteurs étudiés en 2008. L’objectif était de mesurer l’évolution de l’état écologique de ces habitats d’altitude (pelouses subalpines et pinèdes principalement) depuis 2008, via la méthodologie Syrph the Net /StN (https://www.reserves-naturelles.org/publications/cahier-ndeg8-guide-technique-de-mise-en-oeuvre-d-une-etude-syrph-the-net-retours-d). L’échantillonnage des syrphes a été réalisé à l’aide de tentes Malaise (Malaise, 1937). Standardisée, cette méthode de piégeage est passive (donc non attractive), non sélective (Fiers, 2004) et particulièrement efficace dans l’interception des insectes volants comme les adultes des diptères syrphidés. L’analyse StN est surtout basée sur la connaissance de l’écologie larvaire des syrphes.

En 2008, deux sites avaient été prospectés : le Granier avec 6 tentes et la Dent de Crolles avec 6 tentes, relevés sur 1 an. En 2019/2020, les deux mêmes sites ont été prospectés avec 2 tentes par site mais une analyse renouvelée sur deux ans pour limiter les biais météo éventuels.

RÉSULTATS D’ANALYSE ÉTUDE SYRPHE 2019/2020

UNE QUANTITÉ DE MATIÈRE VIVANTE GLOBALE, DE DIVERSITÉ D’ESPÈCE ET D’ABONDANCE DE CES DERNIERES EN FORTE DIMINUTION SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Sur les deux secteurs étudiés entre 2008 et 2020, une diminution des bio-indicateurs de la famille des syrphes (Diptera) est observée (-16 % de l’abondance totale ; -7 % de la richesse spécifique). Le constat est similaire concernant la biomasse (Masse de matière vivante subsistant en équilibre sur une surface donnée du globe terrestre) estimée, chutant en moyenne de -62 % (passe de 7,6 ± 1,3 à 2,9 ± 1,2 gr/jour) durant la décennie, soit une perte annuelle de la biomasse en invertébrés de -6,2 %. Concernant la syrphidofaune, les diminutions sont surtout observées dans les cortèges subalpins (entre 1 700-1 900 m et 2 300-2 500 m d’altitude), notamment dans le secteur du Mont Granier. L’analyse des assemblages d’espèces, avec la base de données Syrph the Net, permet de quantifier cette dégradation fonctionnelle de -8 % à la Dent de Crolles et de -27% au Mont Granier.

UNE BAISSE DE LA DIVERSITÉ DES ESPÈCES FLORISTIQUES TYPIQUES DES MILIEUX DE PELOUSES OUVERTS ET SEMI-OUVERTS

Les pelouses et landes subalpines au Mont Granier deviennent en 2020 en mauvais état de conservation (Intégrité écologique (IE) = 36 %), enregistrant une baisse de -21% cette intégrité écologique depuis 2008. Les espèces manquantes signent, par leur absence, une baisse de la typicité floristique durant cette décennie.

A la Dent de Crolles, il semble, pour l’instant, que ces habitats ouverts soient en bon état (IE=65 % ±1 % entre 2008-2020). Les influences climatiques, combinées aux conditions stationnelles -certainement plus favorable, permettent peut-être une faculté de résistance plus forte qu’au Mont Granier. Si le substratum géologique (calcaire de l’Urgonien) et le pendage (20°) sont identiques, l’exposition diffère : exposée Sud-Est pour la Dent de Crolles et Nord-Ouest pour le Mont Granier. Ce dernier secteur est plus typé haute montagne que la Dent de Crolles (RNHC, 2018).

UN MANQUE DE BOIS VIEILLISSANT ET UNE DIMINUTION DU RENOUVELLEMENT FORESTIERS DE CERTAINES ESPÈCES D’ARBRES.

Dans les zones forestières, et malgré de bons à assez-bons résultats en 2019-2020 (IE Mont_Granier=59 % ; IE Dent_de_Crolles=72 %), les habitats de Pin sylvestre et Pin à crochets enregistrent une baisse de fonctionnalité. Ce constat est fortement marqué au Mont Granier (IE2008-2020=-32%) où le diagnostic pointe notamment un manque de bois vieillissant, mais surtout une faible apparition de nouveaux individus des espèces de type Pins et essences d’accompagnements. En l’absence de pastoralisme depuis plus de 60-70 ans, ce résultat est surprenant et semblerait être imputé aux modifications climatiques.

A la Dent de Crolles (IE 2008-2020= -8%), un maintien voire une augmentation de la fonctionnalité forestière était attendue, suite à l’absence de pâturage depuis 2007 (présence de nombreuses zones ouvertes en cours de recolonisation). Il est certes possible que la vitesse de recolonisation forestière soit extrêmement lente à cette altitude mais cela n’explique pas la diminution de la fonctionnalité.

Serait-ce également un des effets des modifications climatiques ? Encouragée par le réchauffement climatique, l’épicéa, est un concurrent tout désigné du pin à crochet, en plus d’être à même de recoloniser les secteurs anciennement pâturés. Pourtant, dans les conditions climatiques récentes et similaires, le pin ne semble guère souffrir de concurrence avec l’épicéa, dans la haute Chaine du Jura par exemple (Béguin in Prunier & Boissezon, 2017). Il sera donc intéressant d’observer si le passage, à un moment donné, d’un seuil en matière de conditions climatiques (durée d’enneigement plus courte, température moyenne plus élevée en période de végétation, sécheresses estivales accrues), favorise l’épicéa.

UNE REMONTÉE EN ALTITUDE INATTENDUE DE CERTAINES ESPÈCES DE SYRPHES.

Une proportion importante des espèces inattendues (44 % des espèces observées en moyenne) est mesurée en 2019-2020. Cette composante de la faune collectée était déjà importante en 2008 (40 %). Celle-ci provient des habitats attenants, non ciblés par l’échantillonnage (Hêtraie, Pelouses montagnardes…), et a -pour la plupart des espèces- des affinités écologiques montagnardes (entre ~500 m et ~1500 m d’altitude) voire collinéennes (entre 500 et 800 m). Leur proportion reste stable au Mont Granier et augmente cependant de 10% à la Dent de Crolles entre 2008 et 2020. Pour ces espèces, pour l’instant « inattendues », il est probable que les changements d’habitat ne se produisent pas assez rapidement et qu’elles ne puissent trouver refuge à de telles altitudes à moyen terme (Prunier & Boissezon, 2017).

LE GRANIER PLUS TOUCHÉ QUE LA DENT DE CROLLES SUR LA DERNIÈRE DÉCENNIE.

Il semblerait ne pas avoir de raison évidente pour que le site où le pâturage s’est arrêté il y a 60 ans, le Mont Granier, soit le plus gravement touché par des facteurs défavorables que la Dent de Crolles, où le pâturage ne s’est arrêté que récemment. Des données sur les précipitations pour chacune des stations étudiées seraient nécessaires pour étudier leurs différences et connaitre leur évolution au cours des dix dernières années. Si, pour une raison quelconque, le Mont Granier a été plus chaud et plus sec que la Dent de Crolles, le lien au changement du climat peut être évoqué de manière raisonnable, expliquant le déclin de la faune du Granier et prédisant également que la faune de Dent de Crolles présentera le même déclin prochainement.

Les données des suivis floristiques seraient intéressantes à étudier pour rechercher des éléments de compréhension de ce type. Précisons également que le pâturage naturel des ongulés sauvages est pris en compte dans la codification des pelouses subalpines (StN -23132, Speight & Castella, 2020). Ce dernier a un impact restreint, surtout en l’absence de compétition avec les espèces domestiques (Ducommun, 1992). Il n’est pas exclu que les ongulés aient un impact à l’avenir surtout, dans un contexte d’augmentation des populations et de modification climatique (Fischer et al. in Prunier & Boissezon, 2017).

Ces résultats, inquiétants, sont certainement induits par les perturbations climatiques que ces habitats subissent de plein fouet depuis un demi-siècle (GIEC, 2018). Ces zones ouvertes et semi-ouvertes subalpines de Chartreuse, comme le Mont Granier et la Dent de Crolles, sont des savanes karstiques froides et sèches, très fortement sensibles aux perturbations des précipitations, en quantité et en fréquence. Leur maintien semble menacé de disparition à moyen terme au profit des habitats montagnards. La vitesse des changements est inquiétante, à l’image de la mobilité « fuyante » des espèces dites inattendues, en dispersion dans des habitats subalpins qui n’auront certainement pas le temps de s’adapter et de les héberger.

Pourquoi il est recommandé de ne pas faire de feu en montagne voire interdit dans certains endroits ?

Pourquoi faire un feu lors d’un bivouac en montagne et plus particulièrement dans la réserve naturelle, est une mauvaise idée même si c’est très sympa en termes d’ambiance ?

1 / Parce que c’est interdit : La RN des hauts de Chartreuse c’est 0.02% du Territoire métropolitain, on y trouve 15% de la biodiversité floristique Française…dont beaucoup d’espèces spécialisées pour des milieux naturels difficiles. Faire des feux au sol en montagne, c’est au choix selon les zones soit détruire le socle de ce qui a permis durant des milliers d’années à  une végétation fragile à s’installer, soit favoriser à terme le remplacement d’une flore rare et spécialisée par une végétation banale…(relarguage dans l’environnement de nutriments assimilables).

2/ Le nombre de personne : 300 000 personnes en moyenne gravitent sur la RN et ils veulent tous faire leur feu . Il est très courant que l’on retrouve des foyers de feu distants d’à peine 10m par exemple. Si on fixait des places de feu ( dont la gestion reste une vraie question ) le long de l’itinérance, il est certain que malgré tout, il y aurait quand même des foyers ailleurs. Chacun veut le sien et son coin. L’humain est ainsi fait..

2/ L’action du feu sur les sols et sur les milieux :  Quand on va bivouaquer sur la Réserve on emmène rarement son sac de charbon. Donc ça veut dire qu’on va couper du bois ou en prélever pour faire ce feu et cela répété des centaines de fois par chaque groupe ou personne qui veut faire son feu. Autant de bois mort dont la biodiversité ne pourra pas se nourrir ou utiliser pour son cycle de vie (insectes, oiseaux, chauve-souris).

Les feux stérilisent le sol pour des milliers d’années en altitude. À 1600m d’altitude, en gros, sous nos latitudes, il faut entre 15 000 et 40 000 ans pour constituer 10cm de sol. Chaque feu, même sur un sol déjà brûlé, modifie artificiellement le cycle de l’azote, du calcium, etc, éléments essentiels pour les plantes. C’est bien comme cela d’ailleurs que l’on trouve la trace de nos ancêtres, par les foyers de feux et les  » déchets » que l’on trouve dedans.

3/ En parlant de déchets : les hommes (et femmes) préhistoriques laissaient des os, nous on laisse du verre, du papier, du plastique et de l’alu…temps de dégradation respectivement de 4000 ans, 3 mois, 1000 ans et 100 ans.

4/ Le risque d’incendie : deux incendies déclenchés en 2020 par des feux de bivouac ayant mobilisés un hélicoptère et 7 pompiers….

5 / Le dérangement sur la faune : la fumée et de l’odeur de fumée font fuir les animaux (instinct de fuite par rapport au feu) qui puisent dans leurs ressources pour fuir…Les animaux sortent quand les humains ne sont plus là. Plus on rallonge notre présence la nuit, plus les temps disponibles pour la faune se réduisent. Des études scientifiques ont montré que la surfréquentation impactent durablement la faune : surcroit de vigilance qui fait que les animaux se nourrissent moins bien et moins longtemps occasionnant une perte de poids et la baisse de la reproduction.

Envisager d’aborder la montagne et la nuit en montagne autrement peut aussi être un objectif en diminuant son impact, comme on essaye de diminuer son impact sur bien d’autres sujets (mobilité, énergie, déchets, alimentation, etc.).

La moralité, c’est mieux de pas faire de feu en montagne…

Si le feu est interdit sur la Réserve, l’usage de tous types de réchauds (gaz, carburant liquide…) est autorisé

Le réchaud à gaz est pratique car il ne laisse pas de traces au sol, permet le contrôle de la combustion (fort, faible) et surtout de ne pas faire s’envoler de braises un peu partout. Cela limite grandement le risques d’incendies et tranquillise le législateur. Enfin, il permet d’allumer rapidement un feu, de cuire puis de tout ranger sans avoir à mettre en place ou ranger un foyer.

Périmètre d’interdiction Mont Granier

En 2016, le Mont Granier perd plusieurs dizaines de milliers de m3 de roches sur son pilier Nord-Ouest coté Entremont le Vieux (en janvier)et également plusieurs dizaines de milliers de m3  sur son pilier Nord-Est côté Chapareillan (en mai). Ces cicatrices d’éboulement sont toujours bien visibles dans le paysage.

Si ces importants éboulements n’ont pas eu de conséquences sur les habitations qui restent hors de portée des blocs, les communes d’Entremont le Vieux (73) et Chapareillan (38) ont toutefois été dans l’obligation de restreindre l’accès randonnée à certaines zones  sur  et sous le Mont Granier pour garantir la sécurité des promeneurs.
Ces arrêtés ont été pris en 2017, ils sont toujours en vigueur.
D’autant plus que  depuis quelques jours, des constats scientifiques confirment de nouveaux mouvements de terrain dans les mêmes endroits (face nord et pilier Est).
Pour votre sécurité, il est donc important de respecter les zones interdites par ces arrêtés municipaux. 

Vous pouvez vous balader sur le Granier (accès pas des barres, balme à colomb ou pas de l’alpette) mais le sentier de bordure de la face nord, l’accès immédiat à la croix et le sentier du pas de la porte sont interdits et ce pour votre sécurité.

Merci d’y penser dans vos randonnées.

Un cairn, une bonne idée ? Pas sûr….

Des cairns en montagne, vous en observez beaucoup, vous les alimentez peut-être même, les photographiez, vous invitez même votre plus jeune enfant à mettre sa pierre….

Depuis quelques années, cette pratique de construction de cairns (ou d’alimentation le long de sentiers balisés ou non) connait un succès croissant dans les milieux naturels.

Pourtant cette pratique n’est pas anodine. Si elle constitue pour certains, une performance artistique, un rituel de passage voire même un geste éducatif pour ses enfants, elle peut devenir une véritable nuisance lorsqu’elle n’est pas réalisée au bon endroit ou lorsqu’elle est faite de manière démesurée, car vous êtes de plus en plus nombreux à le faire. A la fin d’une saison estivale, avant que la neige ne recouvre les sols, ce sont des dizaines de mètres cubes de cailloux qui auront été déplacés !

Pourquoi ne faut-il pas construire de nouveaux cairns ou alimenter ceux qui existent ?

En randonnée, par le mot « cairn », on désigne des monticules de pierres empilées, placés à dessein par l’homme pour marquer un lieu particulier mais aussi un itinéraire.

Mais en milieu naturel quel qu’il soit, déplacer les cailloux n’est pas sans conséquence :

  • Ils constituent un habitat potentiel pour des dizaines voire des centaines d’espèces en montagne, dans les forêts, sur les plages, dans les déserts. Déranger ou déplacer ces pierres peut ainsi avoir pour effet de chasser les créatures qui en dépendent voire menacer leur survie car cela va modifier la structure de leur écosystème.
  • Les pierres ont un rôle essentiel pour retenir les graines nécessaires à la revégétalisation du sol. Leur déplacement est facteur d’érosion. Le piétinement, en dehors des sentiers balisés, est également source de dérangements pour la faune et de dégradation des sols montagnards fragiles.
  • En montagne, les conditions de vie peuvent être extrêmes. Il faut 15 000 ans pour constituer seulement 10cm de sol à 1700m d’altitude. Il existe donc un risque réel pour la végétation quand on arrache ou déplace les cailloux : il faut plusieurs années pour reconstruire un tapis végétal à l’endroit où vous avez pris le caillou ou sous le cairn que vous aurez constitué.
  • Chaque caillou prélevé dans un chemin, dans une falaise, une paroi ou dans le sol, favorise l’érosion. Sa disparition offre le terrain aux phénomènes érosifs (pluie, vent, piétinement, etc). Les cailloux du chemin sur lequel vous marchez permettent de garantir la stabilité d’un sentier par exemple… Les ôter revient à détruire la biodiversité et favoriser l’érosion.

Malheureusement, le plus souvent, remettre les pierres à leur place ne suffit pas à réparer les dégâts qui s’aggravent avec le temps. D’où l’importance de ne pas les déplacer ! N’oubliez pas, vous n’êtes pas seuls en montagne ! En 1999, une étude de fréquentation réalisée sur la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse dénombrait 250 000 personnes à l’année. Souvent chacun veut laisser sa trace, ce qui peut complétement dénaturer les sites.

Face à ce phénomène grandissant, plusieurs villes de la côte Atlantique ont été obligées de prendre des arrêtés interdisant la construction de Cairns sauvages. Et dans certains endroits du monde, c’est même passible d’amende…

Donc aidez-nous à préserver notre environnement : tant pis pour les photos des cairns dans certains endroits comme les réserves naturelles et pour les rituels, pensons à la Nature en priorité, éduquons nos enfants aux bons gestes !

« La première règle dans l’environnement est de ne pas laisser de trace », John Hourston, fondateur de l’organisation Blue Planet Society

La face cachée de la Chartreuse et ses risques

Le paysage de Chartreuse est caractérisé par des hautes barres rocheuses dominant des combes au relief adouci. Les roches qui forment ces paysages se sont déposées à l’ère secondaire (- 252 à – 66 millions d’années) au fond de la mer.

On appelle ces roches des « roches sédimentaires ». Pendant les millions d’années qui se sont écoulées, différents processus d’érosion ont affecté ces roches.
Un processus d’érosion typique des régions calcaires comme la Chartreuse est la karstification qui donne naissance au karst. Ce phénomène d’érosion affecte de façon spectaculaire les roches calcaires.
Il se manifeste en surface et dans la masse rocheuse en profondeur et il est à l’origine des centaines de kilomètres de réseaux souterrains dans le sous sol de toute la Chartreuse pour le plus grand bonheur des spéléologues.
Les points d’accès à ce réseaux souterrains se manifestent par des gouffres plus ou moins profonds et larges, des fissures plus ou moins larges en surface et sur toute la Chartreuse.

L’hiver, ces milliers de points d’entrées dans le réseau souterrain à l’échelle de la Chartreuse peuvent être totalement obstrués par la neige et deviennent donc invisibles.

Quelque soit le type de milieu (zone ouverte ou forestière), ceux-ci peuvent cacher de très nombreux pièges pour le randonneur, pièges plus ou moins dangereux, voir mortels.

Pour profiter de vos balades hivernales en Chartreuse, sans risquer de tomber dans un trou et de vous blesser,

RESTEZ SUR LES ITINÉRAIRES BALISES.
Ils ont été réfléchis de manière à vous garantir la sécurité de votre itinéraire.
Merci 

crédit photos : SF- RNHC

Film « la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, la nature en partage »

Le Parc et la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse sont fiers de vous présenter le film de Clara et Thibaut Lacombe « La nature en partage ». Ce film a été présenté au public à l’automne 2019 à l’occasion des Rencontres Montagnes et Sciences, Festival au cours duquel il a reçu le prix spécial du jury ! Les superbes images, imprégnées de l’œil expert du naturaliste, et l’esthétique générale du film, plongent le spectateur dans l’intimité du massif, servant pleinement son propos pédagogique.
 
 

VOIR LE FILM DEPUIS CHEZ SOI :

L’objectif de ce film est de sensibiliser les usagers quels qu’ils soient à l’usage nécessairement partagé de ce site proche des grandes agglomérations de Grenoble, Chambéry et Lyon. C’est aussi l’occasion de pouvoir montrer le travail au quotidien d’un gestionnaire d’un grand espace naturel multi-usages et fortement fréquenté.  

Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse, la nature en partage
Réalisation Clara Lacombe et Thibaut Lacombe – 30 min

Chartreuse secrète, profonde et sauvage, à la fois enclave naturelle et ressource immémoriale pour les hommes… Au fil des siècles, les pratiques agricoles puis récréatives s’y sont multipliées et diversifiées, au point parfois d’entrer en conflit.

Quelle cohabitation possible entre le randonneur et le chasseur ? Entre les animaux sauvages, parfois réintroduits, et les animaux d’élevages ?

Rarement la recherche d’une fragile ligne d’équilibre entre usages antagonistes de l’espace, aura trouvé une expression si juste que dans ce film.

Les témoignages bien choisis d’agents et d’usagers apportent une dimension philosophique à la gestion des réserves naturelles. En particulier ici celle des Hauts de Chartreuse, dont la caméra restitue si bien le patrimoine remarquable.

La Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse et les réalisateurs ont souhaité montrer le fin et délicat équilibre recherché dans cette gestion de tous les jours entre intérêts individuels et intérêts collectifs. Un exemple de vivre ensemble dans un environnement spectaculaire mais fragile…

France Bleu Pays de Savoie : Ce qu’on peut, ou pas, faire dans une Réserve Naturelle

Écouter la dernière émission de France Bleu Pays de Savoie
 
Ce qu’on peut, ou pas, faire dans une Réserve Naturelle avec Simon Lebret, animateur de la Réserve Nationale des Hauts de Chartreuse.
(émission du 7 août 2020)
 

France Bleu Pays de Savoie. Randonnée : les espaces naturels sous pression depuis le déconfinement

Nous sommes très nombreux à avoir des envies de nature encore plus grandes depuis le déconfinement. Pour marcher, courir, dévaler les pentes à VTT, dormir à la belle étoile. Et ça n’est pas sans conséquence sur la faune, la flore, les sols. Exemple dans la Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse.

Voir l’article de France Bleu Pays de Savoie sur la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/randonnee-les-espaces-naturels-sous-pression-depuis-le-deconfinement-1594919526

Suivi Grand glacier Chartreuse

Le glacier souterrain du gouffre du Grand glacier en Chartreuse fait parti des sites étudiés dans le cadre des impacts du réchauffement climatique. Ce suivi engagé depuis 2014 avec l’aide du Spéléo Club de Savoie. Au total, depuis le début des mesures, ce sont 80cm de glace qui ont disparus soit plus de 20 cm par an. On assiste malheureusement en direct à la disparition de la glace souterraine de ce gouffre.

Avec le froid, la neige, la topographie interne d’une cavité souterraine et les circulations d’air qui l’affectent, il est possible de générer des appareils glaciaires souterrains. Ces systèmes glaciaires très localisés dans l’espace des cavités sont extrêmement dépendants des conditions climatiques extérieures. La présence d’hiver froids et humides est indispensable à leur maintien. Des variations annuelles du niveau de glace de ces « glaciers » souterrains sont naturelles. En conditions climatiques stables, ces variations (hausse et baisse) sont identiques et le glacier ne perd pas de masse. Mais quand le climat se réchauffent, la langue glaciaire n’a plus les conditions suffisantes pour maintenir sa masse et elle se met à fondre petit à petit, comme pour les glaciers de surface.

Deux de ces systèmes glaciaires existent sur la Réserve naturelle, un de ceux-ci est suivi depuis maintenant 6 ans, chaque année pour évaluer les variations des niveaux de glace annuels. Ce suivi du glacier souterrain du Gouffre du Grand glacier (alpette de Chapareillan) a été engagé en 2014 avec la contribution du Spéléo Club de Savoie (SCS). L’objectif de ce suivi est de suivre et documenter l’impact potentiel des changements climatiques sur ces micros appareils glaciaires, en les couplant à celui déjà engagé avec la station Phénoclim située sur l’Alpette de Chapareillan (suivi de température toute l’année – résultats sur https://phenoclim.org/fr).

L’impact du réchauffement climatique se confirme une fois de plus par l’abaissement général du niveau de la glace souterraine. Il est si rapide que certains repères, posés il y a seulement 3 ans, sont devenus inaccessibles et ont nécessité une réimplantation, 1m plus bas.

Après plusieurs années de suivis on constate :

De août 2014 à août 2015 le niveau de la glace a baissé de 19cm (24 profils de mesures)

De août 2015 à août 2016 le niveau de la glace a baissé de 27cm (26 profils de mesures)

De août 2016 à août 2017 le niveau de la glace a baissé de 29cm (22 profils de mesures)

Les 2 relevés réalisés en mai et août 2018 donnent les résultats suivants :

De août 2017 à mai 2018 le niveau de la glace a baissé de 14cm (14 profils de mesures)

De août 2017 à août 2018 le niveau de la glace a baissé de 18cm (21 profils de mesures)

Au total, depuis le début des mesures (aout 2014), ce sont 80cm de glace qui ont disparus…. On assiste malheureusement en direct à la disparition de la glace souterraine de ce gouffre. A ces mesures de niveaux de glace, des mesures de température internes de la cavité sont réalisées dans les zones de mesures de glace. On constate que le long du glacier, les températures de l’air ne sont négatives que 3 à 4,5 mois par an et dans tous les cas de figure la température annuelle moyenne est positive, proche de +0,25°C ce qui évidemment ne contribue pas à la conservation de la glace….

 

POUR INFORMATION…

Le site mesuré est fragile naturellement. Une forte fréquentation est susceptible d’accélérer la dégradation du site. Soyez respectueux, ne laisser rien et éviter des visites en groupe trop fréquentes et trop importantes.

Pour faire ces mesures, du matériel est laissé en place. Merci par avance de ne pas le toucher

D’autre part, la fonte a révélé l’existence de pont de glace suspendus dans le vide, fragilisés ce qui accentue les risques d’effondrement rendant le site dangereux par endroit. La plus grande vigilance est donc conseillée à ceux qui décide de s’y rendre.