Apollon

Emblème des montagnes européennes, cette espèce a régressé au cours du XXème siècle. Considérée comme Vulnérable à l’échelle mondiale, Quasi-menacée en Europe et actuellement, en Préoccupation mineure en France, il n’en demeure pas moins que nombre de populations de l’Apollon déclinent.

Présent entre autres dans la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse et dans les massifs environnants, sur sollicitation de l’association FLAVIA, nait en 2017 un projet de recherche scientifique autour de l’Apollon ou Parnassius apollo. Visant à mieux connaitre cette espèce, ce projet va bientôt réunir les Parcs naturels régionaux de Chartreuse, Bauges et Vercors et leur réserve naturelle respective ainsi que la Réserve naturelle de Chastreix Sancy en Auvergne pour la mise en place d’une opération de capture, marquage et prélèvement de pattes avec recherche génétique sur ce matériel.

Les objectifs de ce travail sont les suivants :

  • Améliorer la connaissance de la répartition, des effectifs et de la dynamique de population
  • Caractériser la génétique des populations de ces massifs et d’estimer les paramètres démographiques (taille des populations, consanguinité intra-populationnelle, flux d’individus entre populations, distances de migrations et histoire des populations de l’Apollon dans les massifs montagneux étudiés.
  • Evaluer et connaître les échanges potentiels entre populations.

Plusieurs sites ont été échantillonnés sur les différents massifs partenaires de l’opération (Chartreuse, Bauges, Vercors, Sancy et Taillefer). Sur chaque individu capturé lors de la saison 2018, une patte a été prélevée (méthode non létale) ; les échantillons ont fait l’objet d’analyses génétiques réalisées en 2019 par le laboratoire FASTERIS en suisse et dont les résultats ont été analysés par le laboratoire de recherche grenoblois du LECA (Laboratoire d’Ecologie Alpine).

Les premiers résultats obtenus montrent qu’il n’existe au sein des Alpes qu’une seule et unique espèce d’Apollon, ou de manière plus imagée, un « lot de gènes » homogène. Plutôt inattendu, ce premier résultat (à conforter) indique que les Apollons des Bauges ou de la Chartreuse ne diffèrent pas génétiquement des Apollons du Vercors par exemple. Ces résultats confirment ainsi l’absence de sous-espèces au sein même des Alpes, historiquement évoquées dans la littérature scientifique.

Le deuxième résultat, tout aussi intéressant, nous apprend qu’à l’inverse les populations d’Auvergne sont génétiquement bien distinctes de celles des Alpes. La différence génétique actuellement observée est telle qu’elle pourrait justifier de classer les deux entités dans des sous-espèces différentes. Des analyses complémentaires permettraient de savoir si les Apollons du massif central sont génétiquement distincts des Apollons des Pyrénées ou non. L’étude souligne également que la diversité génétique de l’Apollon en Auvergne est particulièrement faible.

Ce travail ouvre des perspectives de recherche qui restent à construire et à financer et qui du coup apportent des éléments de réflexions cruciaux sur la question de la préservation de l’espèce, les possibilités de renforcement de populations entre massifs sans altérer l’intégrité génétique de l’espèce.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter : https://www.pole-invertebres.fr/apollons-dauvergne-et-des-alpes-la-recherche-sen-mele/

Et https://www.flavia-ape.fr

Rédaction : Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse

Source : Projet de recherche « Amélioration de la connaissance et caractérisation génétique des populations d’Apollon en Auvergne-Rhône-Alpes », PNR de Chartreuse et RNN des Hauts de Chartreuse, RNN Chastreix Sancy, PNR du Vercors et RNN des Hauts Plateaux du Vercors, PNR des Bauges, FLAVIA (Yann Baillet), LECA (Laurence DESPRES).